Les offres de cessez-le-feu du colonel Kadhafi se heurtent à l’intransigeance des Etats-Unis.
La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, a répondu à l’offre politique du colonel Kadhafi d’un cessez-le-feu de l’Otan en Libye par une double injonction : « Quittez le pouvoir et quittez le pays », mettant ainsi fin aux espoirs d’un dialogue bilatéral que le « Guide » tentait d’ouvrir avec les États-Unis pour contourner la coalition. Depuis le début de l’insurrection en Libye, les États-Unis et leurs alliés ont indiqué que Kadhafi avait perdu toute légitimité à leurs yeux et qu’il devait quitter le pouvoir sans délai.
Sa déclaration fait écho à une initiative privée d’un ancien parlementaire américain, le républicain Curt Weldon, qui se trouve en Libye à l'invitation de l'entourage de Kadhafi avec pour « objectif de rencontrer le colonel Kadhafi et de le persuader de quitter le pouvoir », écrit-il dans le New York Times.
Alors que depuis plusieurs jours les combats se concentrent sur la ligne Brega – Ajedabya, les inquiétudes les plus vives se portent sur la situation de Misrata, troisième plus grande ville du pays, assiégée et pilonnée sans relâche à l’artillerie lourde par les troupes régulières. Les Nations unies ont appelé mercredi 6 avril au soir à une cessation des hostilités autour de la ville pour que de l'aide puisse parvenir aux blessés et que la population puisse fuir les zones combats entre les rebelles et l’armée du colonel Kadhafi.
"La situation sur le terrain est critique pour un grand nombre de personnes qui ont un besoin immédiat de nourriture, d'eau potable et d'aide médicale d'urgence", a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires humanitaires, Valerie Amos. "La possibilité de quitter la ville est désormais une question de vie ou de mort. Nous avons besoin d'une cessation temporaire des hostilités dans cette zone pour que les gens puissent se mettre à l'abri, ainsi que leur famille, s'ils le veulent", a-t-elle insisté. Selon l'ONU, les morts et les blessés se comptent par centaines dans cette ville, en proie à des combats continus depuis plus de 40 jours.
Dans la journée, l'Otan, mise en cause par les insurgés, a promis de protéger les 300 000 habitants de cette ville située dans l'ouest libyen. L'Otan, qui a pris le relais le 31 mars de la coalition multinationale, "va tout faire pour protéger les civils de Misrata", a déclaré une de ses porte-parole, Carmen Romero, affirmant que Misrata était désormais la "priorité numéro un" de l'Alliance. La difficulté vient de ce que les unités pro-Kadhafi se cachent parmi des civils, rendant les frappes aériennes risquées.
"Les forces gouvernementales libyennes ont évolué ces derniers jours vers des tactiques non-conventionnelles, se mélangeant au trafic routier et utilisant des civils comme boucliers dans leur avance" vers des sites tenus par les rebelles, a déclaré à la presse le contre-amiral britannique Russ Harding, commandant adjoint de l'opération "Unified Protector".
Un pétrolier a par ailleurs appareillé mercredi 6 avril de la région de Tobrouk avec la première cargaison de pétrole sous contrôle rebelle autorisée à quitter le pays depuis le début des frappes aériennes mi-mars, et l'arrêt total des exportations de brut. Cette cargaison, d'une valeur de 120 millions de dollars au cours actuel du brut, devrait permettre de financer l'effort de guerre de l'insurrection. Elle sera commercialisée par le Qatar pour le compte des insurgés.