L’échéance électorale prévue pour la présidentielle en Tunisie, juillet 2011, sera respectée. Reste à obtenir un consensus dans le pays pour les conditions d’éligibilité.
La bataille fait rage ces temps-ci en Tunisie post-révolutionnaire. D’une part il y a le camp des éradicateurs, qui voudraient du passé faire table rase en interdisant l’exclusion du champ politique des anciens responsables du RCD, l’ancien parti quasi-unique sous Ben Ali, aujourd’hui dissous. Il est représenté par M. Yadh Ben Achour, président de L'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique.
De l’autre côté, il y a le camp des démocrates et des pragmatiques qui souhaiterait tourner la page de l’ancien régime au plus vite, tout en ouvrant l’espace politique à toutes les sensibilités de la société tunisienne. Le meilleur représentant de cette mouvance, mais non le seul, n’est autre que le Dr. Mustapha Ben Jaafar, ancien opposant à Ben Ali, et secrétaire général du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl). Pour lui, la Tunisie nouvelle et démocratique, « ne peut être édifiée sur l’exclusion».
Entre les deux, le chef du gouvernement provisoire, Béji Caïd Essebsi, n’a pas voulu trancher, même s’il se place plutôt dans le camp des pragmatiques. Dans sa dernière conférence de presse tenue au palais du gouvernement à la Kasbah, devant la presse nationale et internationale, il a jugé que les propositions de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, la réforme politique et la transition démocratique visant à exclure de l'élection de l'Assemblée Constituante tous ceux qui ont assumé des responsabilités au sein du RCD-dissous, au cours des 23 dernières années, était une proposition discutable, parce que certains parmi les responsables de ce parti ont été victimes, dans certaines périodes, des exactions de l'ancien régime et "qu'ils ne peuvent être interdits de candidature dans cette échéance électorale, sans qu'ils aient été condamnés par la justice".
S’adonnant à un exercice d’équilibriste, il a proposé de ramener la période d’exclusion à seulement dix ans. Seront concernés par cette privation de droits civiques non seulement les anciens responsables du RCD, mais également les membres du cabinet du président déchu, ses conseillers et les attachés de son cabinet…
Il a, d'autre part, indiqué qu'une liste de tous ceux qui ont assumé des responsabilités au sein du RCD dissous, au cours des dix dernières années, sera établie par décret-loi signé par le président de la République par intérim.
M. Caïd Essebsi a, d'autre part, exprimé l'adhésion du gouvernement provisoire au principe de la parité entre les hommes et les femmes, sur les listes électorales, relevant que les chances des femmes et des hommes deviennent, ainsi, égales "ce qui est une première dans l'histoire des élections en Tunisie".
Il a, en outre, rappelé que tous les membres du gouvernement provisoire actuel ainsi que le président de la République par intérim ne présenteront pas leurs candidatures à ces élections et ce conformément au décret-loi organisant les pouvoirs provisoires. Il a souligné la volonté du gouvernement provisoire de veiller à ce que les prochaines élections soient transparentes, honnêtes, équitables et libres.
M. Béji Caïd Essebsi a insisté sur la nécessité de garantir le climat social et économique approprié pour l'élection de l'assemblée nationale constituante. Il a affirmé que le gouvernement s'engage à respecter l'échéance du 24 juillet 2011, pour l'organisation de ces élections, qu'il considère raisonnable, affirmant que "s'il y a des parties qui veulent retarder ce rendez-vous, le gouvernement n'en assumera pas la responsabilité ".
Sur un autre plan, le Premier ministre a souligné que de grands dépassements surviennent dans le pays à travers les sit-in et les manifestations organisées à répétition "ce qui est loin d'encourager l'investissement étranger".
Il a évoqué, à ce sujet, les entraves à la marche des entreprises et des établissements, le blocage des routes et des lignes de chemin de fer et le phénomène de l'émigration clandestine.
M. Caïd Essebsi a ajouté que "la révolution n'est pas la démocratie, mais la porte d'accès à la démocratie", estimant que la révolution peut conduire aussi bien au désordre et à la confrontation qu'à la voie saine de la transition démocratique, afin que la Tunisie soit un modèle à suivre. Il a, dans ce contexte, annoncé que la Tunisie a été invitée à la réunion du groupe des huit pays les plus industrialisés, ajoutant que "c'est un motif de fierté pour tous les Tunisiens" et un témoignage de la considération internationale dont bénéficie la Tunisie.
Dans ses réponses aux questions des journalistes, le Premier ministre du gouvernement provisoire a annoncé que le gouvernement va examiner les mesures appropriées en ce qui concerne les revendications des agents de la sûreté nationale. Il a indiqué, en outre, que le gouvernement a effectué les procédures nécessaires concernant l'extradition du président déchu et son épouse.
Avec la TAP