Ajdabyia a été reprise par les insurgés aux troupes du colonel Kadhafi, Misrata est dans une situation humanitaire critique. Pendant ce temps, les Occidentaux ne parviennent toujours pas à s’entendre.
Le groupe de contact sur la Libye réuni mercredi 13 avril au Qatar a proposé une aide financière accrue aux insurgés anti-Kadhafi, mais ses membres occidentaux sont restés divisés sur d'autres mesures à adopter, notamment militaires, alors que l’impasse entre les rebelles tenant la région de Benghazi (est) et les forces loyales à Mouammar Kadhafi retranchées dans celle de Tripoli (ouest) continue à nourrir au sein de l'Otan, qui dirige les opérations alliées, le spectre d'un enlisement.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a appelé à la mise en place d'un "mécanisme financier" alimenté par les pays du Golfe au profit des rebelles libyens, qui tentent de mettre fin à quarante-deux ans de règne du colonel Kadhafi.
Le Conseil national de transition (CNT), Londres et Paris ont appelé à une action plus musclée de l'Alliance atlantique, mais Washington a défendu la position de cette dernière qui a appelé à une solution politique et la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu.
Les rebelles ont demandé à l'Otan d’intensifier les frappes aériennes contre les chars et les sites de lancement de missiles de l'armée fidèle au colonel Kadhafi, a déclaré le responsable des relations extérieures du CNT Ali al-Issaoui.
L'Otan a annoncé qu'il avait attaqué des stocks d'armement dans la région de Tripoli et détruit seize blindés gouvernementaux près de Misrata.
A l'ouverture de la réunion, le secrétaire général des Nations unies, Ban ki-Moon, a exhorté la communauté internationale à rester soudée pour prévenir une tragédie humanitaire dans ce pays d'Afrique du Nord de six millions d'habitants. "Il est essentiel que nous parlions d'une seule voix", a assuré M. Ban, affirmant que près de 3,6 millions de personnes pourraient avoir besoin d'aide internationale. Il a estimé à 310 millions de dollars les sommes immédiatement nécessaires pour l’action humanitaire en Libye.
Le groupe de contact a par ailleurs appelé au départ du colonel Kadhafi afin, a-t-il dit, d’ouvrir la voie à une solution politique et à la formation d’un gouvernement provisoire.
Le CNT a rejeté toute négociation avec le pouvoir en place et conditionné sa participation à une solution politique au retrait du pouvoir de Kadhafi et de ses enfants.
L'ancien bras droit de Kadhafi, Moussa Koussa, qui a fait défection début avril a appelé le "Guide" à laisser le pouvoir pour épargner davantage d'effusion de sang libyen. Il a mis en garde par ailleurs contre la "somalisation" du pays en cas de poursuite du conflit.
Des ministres européens ont laissé paraître leurs divergences. Selon un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères, Rome considère que la résolution 1973 de l'Onu permet la fourniture d'armes aux rebelles, qui "est clairement un sujet de discussion". Son homologue belge Steven Vanackere, qui représentait aussi les Pays-Bas à Doha, a rétorqué que "les résolutions de l'Onu prévoient de protéger les populations civiles, mais pas de les armer".
Alors que Londres et Paris veulent une intervention plus musclée de l'Otan, le secrétaire général de l'Alliance Anders Fogh Rasmussen a répété qu'il n'y avait "pas de solution militaire" au conflit. Il a été soutenu par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui a affirmé que son pays ne "voit pas de solution militaire".
Le britannique William Hague prévoit des pressions accrues sur le colonel Kadhafi pour le contraindre à délaisser le pouvoir. « Il est impossible pour quiconque d'envisager un avenir viable pour la Libye avec le colonel Kadhafi au pouvoir », a-t-il déclaré.
Sur le terrain, les forces rebelles ont repris la ville d'Ajdabiya (est) à 160 km au sud de Benghazi, fief des insurgés. Ce noeud routier stratégique est le théâtre de combats meurtriers depuis plusieurs jours. Les unités pro-Kadhafi y maintennent leur pression par des tirs d'artillerie sporadiques.
A Misrata , enclave rebelle, à 200 km à l'est de Tripoli, la situation était critique pour ce qui reste de ses 300.000 habitants, assiégés et bombardés depuis sept semaines. L'UE envisage l'ouverture d'un couloir humanitaire maritime sous protection militaire pour aider la population.