Le Comité national de transition ne croit pas un mot des affirmation du colonel Kadhafi, quand il promet de quitter le pouvoir et d’instaurer une Constitution.
Mouammar Kadhafi négocie son maintien au pouvoir, ou son remplacement par son fils aîné, Seif el Islam, contre un cessez-le-feu et des réformes institutionnelles abrogeant « l’Etat des masses » instauré en 1977, et dont il n’est officiellement que le « Guide » sans pouvoir précis.
Cette proposition a été immédiatement rejetée par le Conseil national de transition (CNT), qui estime que le retrait du pouvoir de Kadhafi et de sa famille n’est pas négociable. Un des anciens plus proches compagnons du « Guide », le dissident Abderrahmane Chalgham, a indiqué dans un entretien à Al Jazeera que « Seif El Islam a perdu la Libye parce qu’il s’est comporté en sanguinaire comme son père et qu’il a les mains dégoulinant de sang et le cœur durci par la haine et le ressentiment contre le peuple libyen ».
Seif el Islam, qui se présentait comme la face moderne de la Libye, s’était fait ces dernières années le chantre d’une réforme politique limitant le pouvoir des « comités populaires » (structure de base de l’Etat des masses), mais le « Guide » s’y était opposé en s’appuyant sur les caciques du régime et les pouvoirs tribaux.
Chalgham a par ailleurs affirmé « qu’il est impossible de se fier aux déclarations du « Guide » qui manie le mensonge sans scrupules ». Il a relaté à ce sujet que la télévision publique libyenne avait fait parler récemment une vieille femme présentée comme étant sa mère, qui l’exhortait à revenir sur sa décision de faire dissidence au risque d’être rejeté par sa famille. « Mais ma mère est décédée depuis plus de dix ans », a-t-il dit.
Sur un autre plan, l’Italie, après la France, a annoncé qu’elle reconnaissait désormais le CNT comme « seul et unique représentant légitime du peuple libyen et seul interlocuteur valable ». Les Etats-Unis et la Grande Bretagne n’ont pas encore franchi ce pays. Ils continuent à enquêter sur la composition de cet organisme « sui generis », dont les 31 membres n’ont pas tous révélé leur identité. Washington craint que certains d’entre eux n’appartiennent à Al Qaïda comme l’a affirmé le « Guide » depuis le début de l’insurrection.
L’envoyé spécial de l’ONU, le Jordanien AbdelIlah Al Khatib, a pour sa part indiqué qu’il continuait ses efforts pour un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitaires dans les zones encerclées par les troupes régulières.
Sur le terrain, les combats se poursuivent autour de Brega dans la zone pétrolière, tandis que les unités pro-Kadhafi intensifient leurs bombardements de Misrata, déserté par une grande partie de sa population et transformée en ville fantôme. Les insurgés, encadrés par des militaires professionnels qui ont rejoint leurs rangs, semblent mieux organisés. Ils ont pour la première fois utilisé des missiles « grad » russes récupérés sur les unités pro-Kadhafi. Alors que leurs adversaires commencent à manquer de munitions, ils pressent les coalisés de leur apporter l’armement nécessaire pour leur permettre « d’en finir au plus vite avec le régime qui continue à tuer tous les jours par dizaines », selon un porte-parole.