Une grosse « prise » pour la France et la Grande Bretagne que cet ancien patron des services de renseignement extérieur.
A peine arrivé à Londres venant de Tunisie, le ministre libyen des Affaires étrangères, Moussa Koussa, récemment nommé à ce poste, a fait défection. Ancien patron des services de renseignement extérieur de la Libye, sa défection est un coup dur pour le régime de Kadhafi. En contrepartie des informations de première main sur les capacités de résistance du régime qu’il pourrait donner aux autorités britanniques et françaises et sur la véritable force de nuisance de la Libye, notamment des cellules terroristes dormantes, Moussa Koussa espère obtenir l’asile politique à Londres. Mais ce n’est pas sans risque. Il pourrait être poursuivi par les ONG qui luttent contre l’impunité, car à travers son poste de patron des services extérieurs libyens, à l’époque où le colonel Kadhafi traquait et liquidait ses opposants à l’étranger, Moussa Koussa était un exécutant fidèle. Certains opposants libyens liquidés à l’étranger l’ont d’ailleurs été en Grande-Bretagne.
Depuis 2000, l’homme s’était transformé. C’est lui qui a conduit les négociations avec ses homologues occidentaux (notamment anglais et français) pour sortir la Libye de son isolement.
Certes Moussa Koussa n’était plus, depuis 2007, en charge des services secrets. Il n’en demeure pas moins que sa défection est une grosse prise, à la fois psychologique et opérationnelle, pour les pays de la coalition.
Cette défection a été précédée par celle d’un autre ancien ministre des Affaires étrangères Abdulrahman Shalgham, qui fut l’ambassadeur de Libye aux Nations unies lors de l’éclatement de la révolte. Il sera remplacé par Ali Triki, une autre grosse pointure de la diplomatie libyenne. Mais avec le refus des États-Unis de lui accorder un visa d’entrée sur le territoire américain, c’est l'ancien ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Miguel D'Escoto, qui vient d’être nommé représentant du régime de Mouammar Kadhafi à l'ONU.
Kadhafi bénéficie du soutien de nombreux dirigeants sud-américains, dont Fidel Castro et, surtout Hugo Chavez : « Je crois que Kadhafi fait ce qu'il a à faire: résister à une agression impériale. Que l'on partage ou non ce que fait ou pense Kadhafi, Fidel (Castro) l'a clairement écrit: je ne partage pas tout ce qu'il dit ou fait – on ne peut pas répondre de ce qu'il fait là-bas – mais (…) même si le président d'un pays est le pire des despotes, il n'est pas justifié qu'un groupe de pays le bombarde et commence à tuer des innocents au nom de la paix », a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à l'occasion d'une visite à Montevideo, en Uruguay.
« Je suis un tyran pour beaucoup, voire un assassin; mais (le président américain Barack) Obama est prix Nobel de la Paix et c'est lui qui a ordonné le bombardement. Il y a eu l'Irak, l'Afghanistan, et maintenant la Libye », a ajouté cette bête noire des États-Unis, réélu à trois reprises depuis 1998.
Interrogé sur la possibilité d'un exil de Kadhafi au Venezuela, Chavez, chef de file de la gauche radicale latino-américaine, a répondu lui avoir parlé à deux reprises. « Il a dit à plusieurs occasions qu'il ne quittera pas la Libye », a-t-il expliqué. Les deux hommes se sont fortement rapprochés ces dernières années, sur fond de lutte contre "l'impérialisme américain".
Le président uruguayen José Mujica, un ancien guérillero, a pour sa part défendu "l'autodétermination des peuples" : pour les Uruguayens, « c'est une question de principes de ne pas reconnaître le droit d'un pays à intervenir dans un autre », a-t-il dit.
Chavez a été reçu mercredi par José Mujica, son homologue uruguayen à Montevideo. Leurs pays doivent signer plusieurs accords énergétiques au cours de cette visite.
(Avec les agences)