Chronologie Même si l’Afrique a obtenu son ticket pour la Coupe du monde dès sa création, en 1930, il aura fallu du temps avant qu’elle ne soit représentée à sa juste valeur. Le premier Mondial sur le sol africain, en Afrique du Sud, sera-t-il l’occasion d’exploits inédits ?
Amsterdam, Pays-Bas, le 26 mai 1928. Le Congrès de la Fédération internationale de football association (Fifa) se réunit alors que les jeux de la IXe Olympiade, qui inclut le football, battent leur plein. Henri Delaunay, secrétaire général et délégué de la Fédération française de football, propose une résolution : « Le Congrès décide d’organiser en 1930 une compétition ouverte aux équipes de toutes les associations affiliées. »
Une commission nommée par le Congrès tient, le 8 septembre à Zurich, en Suisse, sa première réunion. Elle élabore une nouvelle résolution : « La Fédération internationale organise tous les quatre ans, pour la première fois en 1930, une compétition dénommée “Coupe du monde”. L’épreuve sera ouverte aux équipes représentatives de toutes les associations nationales affiliées à la Fédération et se disputera par matches éliminatoires. Les adversaires seront tirés au sort. La compétition se déroulera dans la période du 15 mai au 15 juin. Les matches auront lieu, autant que possible, sur le territoire d’une seule association nationale… »
Mondial 1930, Uruguay. Convoqué à Barcelone, en Espagne, les 17 et 18 mai 1929, le Congrès entérine, assez laborieusement, les propositions de la Commission. II ne reste plus qu’à désigner l’association qui se chargera d’organiser le premier tournoi pour cette « Coupe du monde de football ». Le délégué argentin, le
Dr Bocca-Varela, appuie la candidature de l’Uruguay, eu égard à la victoire des footballeurs de ce pays aux jeux Olympiques de 1924 et de 1928. Le Congrès le suit et le président de la Fifa, le Français Jules Rimet, proclame officiellement le choix de l’Uruguay.
Cependant, lorsqu’il agit de notifier officiellement leur engagement, la plupart des enthousiastes se dérobent face à ce qu’ils considèrent comme une aventure aux dangers décuplés par la longueur d’un voyage de trois semaines à travers l’Atlantique. Quatre équipes européennes seulement s’embarquent le 21 juin 1930 pour une longue expédition. L’Égypte, seul pays africain affilié à la Fifa (depuis 1923) et dont le comportement honorable aux jeux Olympiques de 1924 (quart de finaliste) et de 1928 (demi-finaliste) lui ouvrait la route de Montevideo, renonce, elle aussi, au voyage. L’Égypte sera toutefois l’ambassadeur de l’Afrique à la Coupe du monde, en 1934.
Mondial 1934, Italie. Réuni à Berlin, en Allemagne, le 22 mai 1931, le Congrès de la Fifa décide de fixer à seize le nombre des équipes désignées pour participer à la prochaine compétition. Dix groupes régionaux sont constitués : cinq européens, trois américains, un asiatique et un du Moyen-Orient avec l’Égypte et la… Palestine. L’Europe évidemment se taille la part du lion avec neuf qualifiés sur seize. Trente-deux associations nationales sont officiellement engagées le 5 mars 1933. Le groupe 4 (avec l’Égypte et la Palestine, la Turquie s’étant retirée) a pour commissaire l’Égyptien Hamdi Emir Bey. Au Caire, le 16 mars 1934, les Égyptiens s’imposent nettement (7-1) face à des Palestiniens qui disputent leur premier match international. Le match retour joué le 6 avril à Jérusalem est une formalité pour les footballeurs du Nil (4-1).
Dans le stade municipal de Naples inauguré pour l’événement, le 27 mai 1934, l’Égypte affronte la Hongrie en huitième de finale. Dix ans auparavant, à Rouen (France), à l’occasion des jeux Olympiques de Paris, les Égyptiens avaient dominé les Magyars (3-0 : buts d’Ali Riadh et doublé de Hussein Hegazi). La vedette du match est le demi-centre nubien, Abdelmoneim Salem, qui avait découragé les attaquants adverses, Jozsef Braun, Jozsef Eisenhoffer et Ferenc Hirzer.
Aucun des héros olympiques n’est présent à Naples. Les Hongrois prennent leur revanche, mais non sans avoir connu des sueurs froides. Après avoir été menée par 2-0 (Teleky et Toldi Geza), l’Égypte (1) égalise, avant la mi-temps, en dix minutes (par Abdelrahman Fawzy). Après la reprise, Jeno Vincze redonne l’avantage à son équipe et Toldi conforte la victoire :
4-2. C’est aussi pour l’Afrique l’occasion d’envoyer ses premiers journalistes sportifs : quatre Égyptiens et un Tunisien parmi les 207 envoyés
spéciaux !
Mondial 1938, France. Il n’y aura pas de journalistes africains à cette 3e édition de l’épreuve mondiale. L’Égypte qui s’est engagée est versée dans le groupe 3 de l’Europe avec, comme adversaire, la Roumanie. Dans le groupe 5, se retrouvent la Palestine, la Hongrie et la Grèce. La première se retire au profit de la Roumanie et la deuxième est éliminée par la Grèce (3-1 et 1-0). L’Égyptien Mohamed Youssef, qui sera le premier secrétaire général de la Confédération africaine de football (Caf) en 1957, arbitre le match aller, à Tel Aviv, le 22 janvier 1938.
Mondial 1950, Brésil. C’est au Luxembourg, le 1er juillet 1946, que le Congrès de la Fifa se réunit pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il désigne le Brésil pour organiser, en 1949, la
4e Coupe du monde. Mais, le 18 janvier 1947 à Paris, il est décidé de reporter le championnat à 1950. Le 15 janvier 1949, vingt-neuf engagements sont enregistrés, dont dix-huit pour l’Europe et le Proche-Orient qui ont droit à huit finalistes contre quatre à l’Amérique du Sud, deux à l’Amérique du Nord et aux Caraïbes et un à l’Asie. La Palestine, devenue… « État d’Israël », est liquidée par la Yougoslavie (6-0 et 5-2), la Syrie est balayée par la Turquie (7-0). L’Égypte, qui se relève de la guerre de Palestine (2), ne s’engage pas alors qu’elle avait participé aux jeux Olympiques de Londres (1 948). La victoire de l’Uruguay sur l’équipe brésilienne dans un stade Maracaña surchauffé sera vécue comme une tragédie nationale par les Brésiliens.
Mondial 1954, Suisse. C’est la Suisse qui accueille la 5e Coupe du monde dont le tournoi final se déroule du 16 juin au 4 juillet 1954. Quarante-quatre associations nationales y participent. Les éliminatoires s’échelonnent du 5 juin 1953 au 1er avril 1954. L’Égypte « tire » l’Italie dans le cadre du groupe 9. Le 13 novembre 1953, au Caire, le onze égyptien (3) est battu de justesse (1-2, par Ad-Diba et les Italiens Frignani et Muccinelli). Le 24 janvier 1954, dans la brume du stade San Siro à Milan, Giovanni Boniperti et les Azzuri ne font pas de cadeau : 5-1. Le gardien égyptien Abdel Guelil est « soigné » pour ses débuts internationaux.
Mondial 1958, Suède. C’est la Suède, pays neutre en ces temps fortement marqués par la guerre froide, qui accueille la 6e Coupe du monde, à la satisfaction de tous les pays. Mais c’est aussi le temps des grandes manœuvres. En effet, au Congrès de Lisbonne (Portugal), en juin 1956, la Commission d’organisation avait accordé une place pour l’Afrique et l’Asie. L’Égypte et le Soudan s’engagent. Au premier tour, l’Égypte bénéfice du retrait de Chypre et le Soudan écarte la Syrie (1-0 et 1-1). Au second tour, appelés à affronter Israël, les Égyptiens se retirent, alors que les Soudanais profitent du forfait de l’Indonésie. La « finale » intercontinentale n’a pas lieu, le Soudan n’accepte pas de rencontrer Israël qui n’avait joué jusque-là aucun match. La Fifa estime qu’une équipe ne peut pas accéder au tournoi final sans livrer de partie et elle oblige Israël à disputer deux test-matches face au Pays de Galles éliminé par la Tchécoslovaquie. Lorsque l’Anglais Arthur Drewry, président de la Fifa, ouvre, le 8 juin à Stockholm, la compétition finale, il n’y a aucune équipe africaine. La manœuvre va permettre au Royaume-Uni d’être représenté par quatre équipes !
Mondial 1962, Chili. Les jeux Olympiques de Rome (Italie), en août 1960, auxquels participent deux équipes africaines – la République arabe unie (RAU) et la Tunisie –, sont l’occasion d’une assemblée générale de la Caf, née en juin 1956 à Lisbonne. Le délégué ghanéen, Ohene Djan, propose de demander à la Fifa la réunion des pays africains engagés pour le prochain mondial, dans le même groupe. Au Congrès de la Fifa, le 28 septembre 1961 à Londres (Grande-Bretagne), Ohene Djan défend sa proposition. Il n’obtient pas gain de cause. Le nouveau président de la Fifa, l’Anglais Stanley Rous, n’est pas particulièrement disposé à l’égard des Africains. La Commission d’organisation invente une construction tarabiscotée. L’Éthiopie est reléguée dans le groupe 7 où elle est éliminée par Israël (1-0, 3-2). Au sein du groupe 9, s’affrontent le Maroc et la Tunisie, le Ghana et le Nigeria, le Soudan et la RAU. Celle-ci renonce. Le Soudan déclare lui aussi forfait au second tour que remporte le Maroc face au Ghana. Pour l’ultime étape, le Maroc doit livrer bataille à l’Espagne ! Le 12 novembre 1961 à Casablanca, chez lui, le onze marocain (3) s’incline de justesse, 0-1. Le 23, à Madrid, Alfredo Di Stefano et ses coéquipiers Marcelino et Collar creusent l’écart mais les visiteurs, reviennent à 2-3 (Riahi et Abdallah), avant d’être éliminés. Il n’y aura ni Africains ni Asiatiques au Chili, sur la pelouse, mais nombreux seront les délégués au Congrès de la Fifa qui se tient à Santiago, en mai 1962.
Mondial 1966, Angleterre. La phase finale du 8e Mondial doit se dérouler en Angleterre du 12 au 30 juillet 1966. En janvier 1964, le Comité d’organisation de la Fifa constitue les groupes éliminatoires. L’Europe se réserve la qualification de dix équipes contre quatre à l’Amérique du Sud. Et arbitrairement, on décide que l’Afrique et l’Asie se partageront une seule et unique place. Dès qu’il apprend la nouvelle de cette répartition, Ohene Djan télégraphie aux associations africaines et recommande le retrait de la Coupe du monde 1 966. À la réunion du Comité exécutif de la Caf, les 21 et 22 juillet 1964 au Caire, Ohene Djan estime discriminatoire la décision de la Fifa. Il réfute ses prétendues considérations géographiques et économiques. « La réduction du nombre de places de finalistes alloué à l’origine aux trois continents (Afrique, Asie et Océanie) de deux à une et, cela, à la suite de la modification des groupes et de l’inclusion de la Syrie et d’Israël dans l’Europe, est la preuve flagrante que la Fifa accorde à trois continents la même attention qu’elle consent à deux pays ! explique-t-il Nous ne faisons pas un acte de mendicité, ajoute-t-il, mais nous avançons des réclamations justes et modérées eu égard aux progrès importants de notre football. »
Le général Abdelaziz Mostafa, président de la Caf, rappelle qu’en 1962 la Fédération de la RAU a dû se retirer du Mondial et payer une amende parce qu’elle refusait de prendre part à une « compétition injuste ». Il recommande le retrait que la Tunisie avait déjà adopté. Huit fédérations nationales sur quinze se déclarent prêtes à suivre son exemple. L’assemblée générale tenue à Tokyo (Japon), le 7 octobre 1964, décide à l’unanimité (vingt-six voix) d’opter pour le retrait, que la Fifa accorde ou pas une place de finaliste à l’Afrique. Le 10 octobre, la décision est communiquée à Stanley Rous.
Mondial 1970, Mexique. « Personne à la Fifa ne veut voir se répéter les événements qui se sont déroulés à la veille de la World Cup 1 966 », déclare Rous le 10 janvier 1968, à l’assemblée générale d’Addis-Abeba (Éthiopie). Faisant marche arrière, il précise : « En vue de cet objectif, des mesures ont été prises lors de la formation du Comité d’organisation de la Coupe du monde 1 970 afin que l’Afrique y fût représentée. » Mais il voudrait faire disputer une phase supplémentaire avec les derniers des groupes européens et des équipes d’Afrique et d’Asie. « Des matches intéressants et lucratifs pourraient en résulter », argumente-t-il en vain. Quant au retrait de la World Cup 1966, il accepte de baisser l’amende aux associations africaines de 5 000 à 1 000 francs suisses !
Le 1er février 1968, le Comité exécutif de la Fifa se réunit à Casablanca. Au menu, la répartition des soixante et onze équipes engagées dans le
9e Mondial accueilli par le Mexique. L’Europe s’attribue la part du lion avec huit finalistes, plus l’Angleterre qualifiée d’office. L’Amérique du Sud n’en a que trois. Stanley Rous accorde une place à l’Afrique. L’Asie devra disputer la sienne à l’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande), au Moyen-Orient (Israël) et à l’Afrique – la Rhodésie, dont Sir Rous est un défenseur acharné. Le 23 octobre 1969, à Casablanca, le Maroc bat le Soudan (3-0) et arrache son billet pour le Mexique. Il accède à la phase finale de la Coupe du monde, trente-six ans après l’Égypte ! La Rhodésie, bien que bannie par les Nations unies, obtient le privilège d’affronter l’Australie à Lourenço-Marques, capitale du Mozambique sous le joug colonial portugais (1-1, 0-0 et 3-1). Elle est éliminée, mais après avoir bénéficié d’un passe-droit.
Mondial 1974, Allemagne fédérale. À Düsseldorf, les 16 et 17 juillet 1971, dans la salle de bal de l’hôtel Intercontinental, la Commission d’organisation du 10e Mondial qui se déroulera en 1974 en Allemagne procède, devant les caméras de télévision, au tirage au sort des groupes éliminatoires. Quatre-vingt-dix-huit équipes nationales sont validées pour le tirage au sort, la Rhodésie est suspendue sur demande du général Abdelaziz Mostafa. Les vingt-quatre engagés africains sont répartis en trois sous-groupes. Au sein de chaque sous-groupe, les équipes s’affrontent en trois étapes, en matches aller-retour. Les vainqueurs des sous-groupes forment une poule finale dont le gagnant obtient le ticket pour la Weltmeisterschaft. Un véritable marathon est imposé aux Africains. Le parcours est bouclé, non sans nuages, par le Zaïre dont les Léopards gagnent, le 9 décembre 1973, à Kinshasa, l’accession parmi l’élite mondiale aux dépens du Maroc (3-0). Sept mois plus tard, les Léopards sont terrassés sur la pelouse du Parkstadion de Gelsenkirchen par la Yougoslavie (0-9) et le Brésil (0-3) et quittent le Mondial 74 la tête basse.
Quelques jours avant cette élimination, le Congrès de la Fifa, réuni à Francfort le 11 juin 1974, avait porté à la présidence de l’institution le Brésilien Joao Havelange. Élu grâce en grande partie aux voix des pays du Tiers-Monde, Havelange projette de porter à vingt équipes le nombre des participants à la phase finale de la Coupe du monde. Mais en attendant que ce pionnier du foot business passe aux actes, il faut organiser le 11e Mondial.
Mondial 1978, Argentine. Trois tours sont prévus pour l’Afrique qui aligne vingt-deux concurrents mais n’aura qu’un seul qualifié, contre neuf à l’Europe.
Pour aller à Buenos-Aires, le vainqueur africain devra avoir joué douze matches. Un nouveau marathon épuisant dont l’équipe de Tunisie sort victorieuse, le 11 décembre 1977 à Tunis. Elle obtient, le 2 juin 1978 à Rosario la première victoire africaine en Coupe du monde, en battant le Mexique (3-1).
Mondial 1982, Espagne. Le 19 mai 1979, à Zurich, le Comité exécutif de la Fifa décide de porter de seize à vingt-quatre le nombre des finalistes : l’Europe aura quatorze représentants, l’Amérique du Sud quatre, l’Asie, l’Afrique et la Confédération de l’Amérique du Nord, du Centre et des Caraïbes, deux chacune. Le président de la Caf, Ydnekatchew Tessema, s’insurge : « Nous ne sommes pas des enfants. L’Afrique n’est pas avantagée. Elle doit se battre et réclamer une troisième place. »
Le 14 octobre 1979, toujours à Zurich, le brain-trust de la Fifa plante le décor du Mondial, nouvelle formule : 107 candidats dont vingt-huit africains pour vingt-quatre billets. Le tirage au sort est tout spécialement taillé à la pointure de l’Europe des nantis. Israël, dont ne veulent pas les pays asiatiques, est intégré dans le groupe 6 de l’Europe. La Chine est de retour dans l’épreuve mondiale. L’Afrique opte, par « souci d’équité sportive et de neutralité », pour le tirage au sort intégral. Quatre tours sont prévus avec élimination directe. Le 30 octobre 1981, l’équipe d’Algérie arrache sa qualification aux Green Eagles du Nigeria (2-0 et 2-1). Elle est suivie, le 29 novembre par les Lions indomptables du Cameroun, tombeurs du Maroc (2-0 et 2-1).
Le 16 janvier 1982, au palais des Congrès de Madrid, devant une assistance de 1 300 diplomates, officiels délégués et journalistes et sous les yeux de 500 millions de téléspectateurs, se déroule le sorteo (5) du 12e Mondial. En Espagne, les Africains manquent de brouiller les cartes : le Cameroun tient en échec l’Italie, future championne du monde (1-1), et l’Algérie bat l’Allemagne, future finaliste (2-1) mais rate l’accession au second tour.
Mondial 1986, Mexique. Ces performances sportives ne sont pas de nature à convaincre la Fifa et son président de la juste place à attribuer à l’Afrique. La formule de la Coupe du monde demeure inchangée et le lot de chaque continent ne bouge pas. Le 7 décembre 1983 à Zurich, a lieu la traditionnelle cérémonie – télévisée – de la constitution des groupes éliminatoires du 13e Mondial. Sur les 119 pays engagés, vingt-neuf sont africains. Les représentants du continent optent encore pour le tirage au sort intégral. L’Algérie, le Cameroun et le Ghana, champion d’Afrique en 1982, sont exempts au premier tour.
Le 1er juillet 1984, le système par matches aller-retour démarre, pour l’Afrique, avec le match Angola-Sénégal et se termine le 18 octobre 1985. À Alger, l’Algérie bat la Tunisie (3-0) et gagne un deuxième billet consécutif pour la Coupe du monde. À Benghazi (Libye), le Maroc contient la Libye (3-0, 0-1) et retrouve le Mondial. Au Mexique, alors que l’Algérie ne réédite pas ses exploits d’España 82, le Maroc balaie tous les pronostics et accède aux huitièmes de finale, après avoir battu le Portugal (3-1). Il est éliminé ensuite par l’Allemagne (0-1). C’est la première fois dans l’histoire de la compétition mondiale qu’une formation africaine réalise une telle performance. Le ministre marocain de la Jeunesse et des Sports, feu Abdelatif Semlali, en profite pour lancer la candidature de son pays pour l’organisation de la Coupe du monde 1 994.
Mondial 1990, Italie. L’Afrique n’engage que vingt-quatre équipes. Le 17 novembre 1989, l’Égypte l’emporte, au Caire, sur l’Algérie (1-0) et retrouve, cinquante-six ans plus tard, l’épreuve mondiale. Les Lions indomptables écartent de la route de l’Italie la Tunisie (1-0). Le 8 juin 1990, au stade Meazza, à Milan, face à l’Argentine et à Diego Maradona, champions du monde en titre, les Camerounais ne sont pas favoris. Mais un superbe heading de l’avant-centre François Omam Biyick leur assure une victoire méritoire (1-0). Le vétéran Roger Milla entre en jeu face à la Roumanie et « claque » deux buts (2-1). Le Cameroun se retrouve en huitième de finale malgré une défaite face à l’URSS (0-4). Milla fait des siennes face à la Colombie, battue à Naples (2-1) et catapulte son équipe en quart de finale. Le 1er juillet, encore à Naples, les Lions indomptables livrent un match inoubliable face à l’Angleterre avantagée par l’arbitrage partial du Mexicain Edgardo Codesal. Ils s’inclinent en fin de partie (2-3). Mais le spectacle qu’ils ont fourni achève de convaincre les décideurs de la Fifa de rendre justice au football africain.
Mondial 1994, États-Unis. La
15e Coupe du monde 1 994 aux États-Unis verra trois équipes africaines : le Cameroun, le Maroc et le Nigeria qui franchit un tour. Le bilan est toutefois déficitaire : sept matchs joués, deux victoires, un nul, sept défaites, onze buts marqués et vingt encaissés. Ces chiffres ne contrarient pas Joao Havelange. Réélu à Chicago à la tête de la Fifa, qui fonctionne désormais comme une multinationale du spectacle sportif, le Brésilien entend porter le nombre des finalistes de vingt-quatre à trente-deux.
Mondial 1998, France. Réuni le 27 octobre à New York, le comité exécutif de la Fifa adopte le plan Havelange et répartit les trente-deux finalistes qui disputeront le tournoi en France : quinze places pour l’Europe, cinq pour l’Amérique du Sud, cinq pour l’Afrique, trois à quatre pour l’Asie, trois pour la Concacaf (6) et zéro à un pour l’Océanie. Ce qui n’a pas empêché Havelange de s’opposer, en 1988 et 1992, à la candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde. Dès 1996, il choisit de susciter puis de soutenir une candidature sud-africaine. Son successeur Joseph Blatter concrétisera le projet, en mai 2004.
Sur le plan sportif, avec cinq équipes en 1998, 2 002 (Corée du Sud/Japon) et 2 006 (Allemagne), et à l’exception de l’accession du Sénégal aux quarts de finale en 2002, l’Afrique n’a pas fait mieux qu’en 1990 avec seulement deux représentants ! Pour le Mondial 2010, elle en aura six. Algériens, Camerounais, Ghanéens, Ivoiriens, Nigérians et Sud-Africains parviendront-ils à franchir la barre, placée haut, par Milla et ses frères ? n
(1) Avec le célèbre Mahmoud Mokhtar Rifai « Al Teach », Mostafa Latif, le gardien Mostafa Kamel Mansour qui dirigera, de 1958 à 1961,
le secrétariat général de la Confédération africaine de football, et Hussein El Far.
(2) La « guerre de Palestine », en 1947-1949,
qui a opposé les Palestiniens soutenus par plusieurs pays arabes, aux juifs de Palestine, s’est soldée par la création de l’« État » d’Israël et l’exode de milliers de Palestine chassés
de leurs terres.
(3) Ibrahim Yakin, Kato, Abugreisha,
Hamza Abdelmoula, Hanafi Bostan
(capitaine) Mohamed Helmi, Ahmed Makkawi (il deviendra un critique sportif réputé
au quotidien Al Akhbar), Issam Baheeg,
Ad-Diba, Ahmed el-Far,
Abou Hassein (Kadoura)
(4) Y figurent les professionnels
Ahmed Tibari, Mustapha Bettache, Abdallah Medeoud, Mustapha Azhar, Hassan Akesbi, Brahim Tatum, Abdelrahman
Mahjoub et Riahi.
(5) Dans le monde de la tauromachie,
on désigne par sorteo le tirage au sort déterminant la répartition des taureaux entre
les matadors.
(6) Confederation of North,
Central American and Caribbean
Association Football (Confédération
de football d’Amérique du Nord,
d’Amérique centrale et des Caraïbes), sous l’égide de la Fifa, comprend aussi le Surinam, le Guyana et la Guyane française situés
en Amérique du Sud.