Le 25 mais 1963, trente-deux États africains créent à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’Organisation de l’unité africaine (OUA).
Certains d’entre eux ne sont indépendants que depuis peu, tels l’Algérie, le Kenya, le Rwanda ou le Burundi. Mais, pour tous, la nécessité d’une organisation continentale s’impose, comme une action commune pour libérer les pays encore colonisés ou soumis à des régimes racistes blancs. Si les avis divergent sur le type d’institution visée – les fédéralistes du groupe dit de Casablanca, incarnés par le président du Ghana Kwame Nkrumah, affrontent les tenants d’une « Afrique des États » du groupe de Monrovia, dirigé par le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, qui finiront par prévaloir –, la question de la libération du continent est posée d’emblée avec acuité. La charte de l’Organisation, rédigée par le Malien Modibo Keita et le Togolais Sylvanus Olympio – assassiné lors d’un coup d’État quelques mois avant l’inauguration de l’organisation continentale – réitère avec force ce but prioritaire.
L’OUA crée aussitôt le Comité de libération, dont le siège est établi en Tanzanie. Sous l’impulsion du premier secrétaire général de l’OUA, le Guinéen Diallo Telli, et du président tanzanien Julius Nyerere, il devient rapidement un canal incontournable – même s’il n’est pas unique – pour l’aide logistique et militaire aux mouvements de libération reconnus par l’Organisation, en même temps qu’il plaidera inlassablement leur cause dans les instances internationales, telle l’Assemblée générale des Nations unies. Les pays non alignés et le camp socialiste seront les principaux fournisseurs de l’aide aux combattants africains anticolonialistes, alors que les pays scandinaves seront très actifs dans l’aide humanitaire. Quant aux principaux pays occidentaux, ils se limiteront, pour la plupart, à des bourses d’études accordées à ceux des militants africains qui auront obtenu des titres de voyage ou des passeports des pays africains amis. Le Maroc et le Ghana furent les pionniers en ce domaine.
L’Algérie prendra la relève en fournissant des milliers de passeports aux dirigeants et combattants des mouvements de libération. L’appui des pays limitrophes des colonies en lutte, Guinée-Conakry, Congo-Brazzaville et Tanzanie notamment, fut bien sûr déterminant à la réussite de ces combats. À leur tour, l’Angola et le Mozambique apporteront leur aide aux mouvements de libération du Zimbabwe, de la Namibie et de l’Afrique du Sud. Ce qui leur vaudra près de deux décennies de guerres d’agression du pays de l’apartheid qui, soutenu par les États-Unis, dépensera sans compter pour fournir des armes et entraîner les rébellions « contre-révolutionnaires » de la Renamo et de l’Unita.