L’ancien ministre de la Défense Jean-Jacques Demafouth, qui a été arrêté à Bangui le 6 janvier pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et tentative de déstabilisation » a été retransféré de Bérengo vers Bangui
Il avait été secrètement emmené, le 12 janvier, des locaux de la Section de recherches et d’investigations (SRI) où il était en garde à vue au Centre de formation militaire de Berengo, à 65 km au sud-ouest de Bangui, lieu de l’ancienne résidence impériale de feu Jean-Bedel Bokassa.
Jean-Jacques Demafouth est soupçonné d’avoir voulu prendre la tête d’une coalition composée de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD) groupe ex-rebelle dont il avait été, un temps, le leader, et de l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR). Or ces deux formations sont signataires de l’accord de paix de Libreville en 2008 et elles bénéficient actuellement du processus de Désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR), mis en place par les Nations unies. Jean-Jacques Demafouth était par ailleurs président du du Comité de pilotage de la DDR.
L’APRD et l’UFDR par la voix du colonel Wanfio, ont toutes deux démenti les accusations porté contre l’ancien ministre et contre elles-mêmes.
Une perquisition a été effectuée au domicile de la famille Demafouth dans la soirée du 6 janvier. Aucune arme, ni aucun document permettant de confirmer les assertions du procureur n’ont été trouvés.
En France, l’arrestation de Jean-Jacques Demafouth qui, en tant qu’avocat, est inscrit au barreau de Paris, a causé une vive émotion. Le bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris, Christiane Feral-Schuhl et le vice-bâtonnier Yvon Martinet, ont adressé une lettre officielle, conjointement signée, au chef de l’Etat centrafricain, François Bozizé. Ils lui demandent de s’assurer que « toutes les garanties judiciaires prévues par la législations nationale et les traités internationaux ratifiés par la République Centrafricaine soient respectés, notamment les articles 9 et 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques » afin que leur confrère puisse avoir accès à ses avocats et préparer sa défense. Il semble que ce soit loin d’être le cas.