Les violences touchent désormais tout le pays, de l’est à l’ouest. Seule Bangui, la capitale, fait mine de ne pas s’en apercevoir.
Bria, dans le centre, mais aussi Bangassou ou Zemio : pas une ville de Centrafrique, et en particulier celles situées dans des zones diamantifères, n’est aujourd’hui à l’abri des attaques menées par les groupes armés. Qu’ils se nomment antibalakas ou Sélékas, qu’ils soient dirigés par des chefs connus ou non, les combattants de toute origines s’affrontent désormais à visage découvert dans toutes les provinces centrafricaines, principalement pour le contrôle des ressources.
La Minusca (Mission des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique) affirme effectuer des « patrouilles robustes », terminologie étrange signifiant qu’elle demeure sur le terrain et qu’elle peut faire feu si elle est attaquée. Mais dans les faits, ses soldats se bornent à constater les dégâts. Et encore, pas partout car comme il est hors de question qu’ils risquent leur vie sur un théâtre d’opération, ils ne peuvent bien souvent intervenir que lorsque tout est terminé, et que les cadavres des victimes commencent à pourrir sur place.
Un scandale dénoncé par la population, principale victime des exactions des bandits, mais dont nul ne semble pouvoir prendre réellement la mesure. A Bangui, les hommes politiques semblent davantage préoccupés par la politique politicienne que par le sort des populations. Les médias ne bruissent que de telle ou telle motion de censure votée par l’opposition, toujours à l’affût d’un moyen de faire tomber le gouvernement du Premier ministre Simplice Sarandji.
Selon les observateurs, malgré l’arrivée au pouvoir d’un nouveau président, Faustin Archange Touadéra, rompu aux problèmes du pays pour avoir eu à s’y colleter lorsqu’il était Premier ministre, rien ne semble bouger dans le pays. Aucune solution durable ne peut être mise en place si la sécurité n’est pas rétablie. Or la sécurité ne pourra être rétablie que lorsque les différentes milices qui s’affrontent seront réduites à néant soit parce qu’elles auront été réintégrées dans l’armée régulière, soit hélas parce qu’elles auront été vaincues militairement. Mais en attendant, chaque groupuscule se « paie sur la bête » en s’emparant des richesses à sa portée : les diamants et l’or notamment, mais également le bois précieux et les minéraux rares, qui sont commercialisés ensuite via la République démocratique du Congo ou le Tchad.