Découvrir le Burundi à vélo ? C’est le projet fou réalisé en 2012 par un animateur de la Radio-télévision belge (RTBF), Adrien Joveneau, emmenant dans son sillage un groupe d’auditeurs. En temps normal son émission, « Le beau vélo de Ravel », est destinée à montrer les trésors cachés de la Wallonie à travers son réseau autonome de voies lentes (d’où le – presque – acronyme Ravel), par exemple les anciennes voies de chemin de fer transformées en pistes cyclables. Mais cela n’empêche pas les « ravélistes » de pousser parfois leurs guidons par-delà les continents.
C’est le carnet de voyage au Burundi de cette « bande d’allumés », comme ils se décrivent, qui s’offre à notre curiosité dans ce beau livre collectif sans chichi ni bling-bling, mais qui ne se voile pas la face pour autant. De simple voyage-découverte dans ce pays qui renaît de ses cendres, le périple s’est transformé en une formidable aventure humaine. Le lecteur est transporté tout au long des sept étapes du voyage, de Bujumbura à Kayanza, en passant par Bururi, Gitega, Ruyigi, le parc de la Ruvubu et Ngozi. Des dizaines de cyclistes burundais se joindront au groupe, y compris le très sportif président Pierre Nkurunziza, doté d’un sacré coup de pédale.
Tout au long du parcours, des escortes pour sécuriser le peloton et un enthousiasme digne du tour de France. À chaque étape, la visite d’associations en compagnie de people, depuis le ministre de la Jeunesse et des Sports jusqu’aux chanteurs John Chris ou Jali (pour Handicap International). Ambassadrice bénévole de l’Unicef, la chanteuse Axelle Red sera également de la partie. À Ruyigi, les tambourinaires accueilleront les cyclistes à la maison des orphelins Shalom, fondée par Maggy Barankitse. Cette Burundaise « aux 10 000 enfants » fait d’ailleurs l’objet de tout un chapitre.
Dans une partie historique et culturelle, Pamela Kazekare et Igor Rugwiza remettent le pays sur une carte, tout en expliquant pourquoi les Burundais ont tant d’affection pour leurs vaches et comment se nouent les liens du mariage. Ils décrivent les différentes sortes de danse, par exemple l’akanyarusizi, pratiquée sur les bords du lac Tanganyika et qui s’inspire des oiseaux pêcheurs. Dans les pages consacrées à la faune et à la flore, on explique pourquoi la disparition des hippopotames pour cause de braconnage a entraîné l’effondrement de la présence des tilapias dans le lac…
On reste ébahi devant tant de diversité sur un territoire plus petit que la Belgique. Le livre fait d’ailleurs la part belle aux relations historiques qui lient les deux pays, la Belgique étant le deuxième bailleur de fonds bilatéral, après les États-Unis. Si les stigmates de la guerre et de la pauvreté sont omniprésents, le livre est parsemé de notes d’espoir, comme Imuhira, le « village de l’espoir », jusqu’aux initiatives pour éradiquer les maladies des bananiers ou pour paver les rues des quartiers pauvres de la capitale. Le livre est préfacé par la chanteuse Khadja Nin, qui adresse ce bel hommage à Joveneau : « Vous avez le don de nous prendre par le cœur pour nous guider vers cet inconnu qui nous ressemble et qui vit là-bas, à l’autre bout de la terre. »
Burundi haut en couleur. Avec Le beau vélo de Ravel et Adrien Joveneau, Weyrich Édition, 142 p., 32 euros.