La contestation en Arabie saoudite est passée sous silence depuis plus d’un an.
Alors que les médias du Golfe financés par l’Arabie Saoudite et le Qatar consacrent 90 % de leur couverture à la crise syrienne, ils font le blackout total sur le mouvement de contestation populaire se déroulant depuis plus d’un an sur le sol saoudien. Déclenché en février 2011, dans la continuité des révolutions arabes, ce mouvement de la minorité chiite saoudienne se poursuit dans l’indifférence générale. Pourtant, on compte déjà des dizaines de blessés et de tués parmi les manifestants pacifiques, notamment à Qatif. Les rassemblements, malgré leur interdiction, demeurent réguliers et massivement suivis, notamment dans les localités d’Awamiya, Chouika, Al-Qadih et Sihat. Ils se sont intensifiés à la suite de l’intervention saoudienne à Bahreïn en mars 2011, qui a été menée pour soutenir la répression du soulèvement de la majorité chiite contre le pouvoir central sunnite de la famille Al-Khalifa. Le mouvement s’est essoufflé en avril, avant de connaître un nouvel essor en octobre 2011, à la suite de la mort de quatre manifestants.
La minorité chiite, estimée à 2 millions de membres, est principalement répartie dans la région orientale du pays, particulièrement stratégique puisqu’elle abrite 90 % des ressources pétrolières du royaume. Les contestataires réclament la fin de la discrimination confessionnelle, l’égalité dans l’accès à l’emploi et aux prestations sociales avec les sunnites, la libération des prisonniers politiques, ainsi que la mise en place de réformes politiques.
À l’autre bout du royaume, aux frontières avec le Yémen, un autre foyer de tension se développe, risquant d’entraîner le régime saoudien dans un bourbier meurtrier. L’Iran, selon des informations de sources militaires américaines, multiplie les envois d’armes et intensifie l’entraînement des milices yéménites houthies, hostiles à la fois au pouvoir yéménite et au pouvoir wahhabite. Objectif : rallumer la guerre larvée déclenchée en 2009, qui s’était conclue par une trêve. L’Iran pense ainsi réagir à la stratégie wahhabite de déstabilisation de la Syrie et de l’Irak à l’intention affichée des dirigeants saoudiens d’armer l’insurrection syrienne.