La mise en valeur du potentiel minier est toujours à l’ordre du jour, avec, outre les diamants, les gisements d’or, d’uranium, de fer, de phosphates ou des terres rares. Mais des efforts de plus en plus sensibles sont envisagés pour le développement de l’industrie, du secteur manufacturier et des services. Neuf mille nouvelles petites et moyennes entreprises devraient être créées dans un avenir proche grâce à la mise en place d’une ligne de crédit bonifié de 475 millions de dollars. L’État se propose de payer 70 % des intérêts liés à ces prêts, à condition que les entreprises qui en bénéficient respectent leur part du contrat. Les investisseurs étrangers sont invités à s’intéresser davantage aux secteurs non pétroliers, ainsi qu’aux partenariats publics-privés. Dans ce cadre, la chambre de commerce et de l’industrie de Paris a organisé en novembre 2012 une rencontre des entrepreneurs français avec une importante délégation angolaise.
Cinquième fournisseur de l’Angola en biens et services et troisième investisseur étranger, surtout dans le secteur pétrolier, parapétrolier et dans l’industrie pharmaceutique, la France occupe déjà une position de premier plan. « Soixante-dix entreprises françaises opèrent dans le pays », a rappelé l’ambassadeur angolais Miguel Costa. « L’Angola est un marché en ascension. Le fort taux d’augmentation démographique et la concentration de la population en zone urbaine ont donné vie à plusieurs agglomérations de plus d’un million d’habitants qui constituent autant de consommateurs. » Par ailleurs, a-t-il ajouté, « le contexte de stabilité politique et le cadre macro-économique du pays constituent un environnement favorable à l’investissement étranger. » Maria Luisa Abrantes, qui dirige l’Agence nationale de l’investissement privé (Anip), a brossé un tableau de l’évolution de l’économie angolaise depuis la fin du conflit en 2002, illustré ses taux de croissance parmi les plus élevés au monde, et relevé les secteurs les plus prometteurs.
Le gouvernement, qui a importé en 2011 pour 21 milliards de dollars et exporté pour 60 milliards, veut à présent s’attaquer au déficit de biens et de services. Il a mis en place un dispositif de lois et de garanties afin d’attirer l’investissement privé étranger – dont le montant minimum a été fixé à un million de dollars. Des mesures incitatives, entre autres des exemptions temporaires d’impôts, seront appliquées aux investissements dans les régions les plus éloignées du littoral. Sur une échelle de 1 à 9, ces mesures seront les plus favorables dans les régions le plus affectées par la guerre passée, telles Moxico, Kuando Kubango et Cunene. La délégation angolaise a attiré l’attention sur les projets de partenariats public-privé (PPP), notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’eau, les équipements et l’assainissement urbain, ainsi que pour la gestion de certains services publics. Le partenaire privé est, dans ce cas, « appelé à contribuer au développement d’une activité tendant à la satisfaction de besoins collectifs ».
La loi limite à 30 % des effectifs le nombre de travailleurs étrangers, a précisé la juriste angolaise Silvia Osorio. Le pays est engagé dans une phase d’« angolanisation » des cadres, à commencer par le secteur pétrolier.
L’énorme potentiel agricole ne pouvait pas manquer au tableau. Fernando Gomes, directeur du cabinet des terres arables du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, a indiqué que « seulement 10 % des terres arables, soit 3,5 millions d’hectares, sont exploitées. Il y a de vastes régions irrigables, situées dans les quarante-sept bassins hydrographiques existants, qui sont très prometteuses ». La loi sur la terre prévoit la possibilité d’accorder des concessions allant jusqu’à soixante ans pour les investisseurs qui s’engagent au développement des surfaces allouées et à l’agro-industrie.
La diaspora angolaise en France n’a pas été oubliée par l’offensive du gouvernement. Une autre délégation d’économistes et experts angolais a rencontré à l’Unesco la communauté angolaise pour une Journée de réflexion sur la contribution de la diaspora au développement du pays, la deuxième du genre, afin de détailler les programmes du gouvernement « Incubatrice d’entreprises » et « l’Angola investit ». Ces programmes, qui visent surtout à la création de micro-entreprises, en liaison avec les dispositifs du co-développement français, peuvent « contribuer au développement des régions, notamment au développement rural intégré, et participer ainsi à la lutte contre le chômage et la pauvreté », a souligné l’ambassadeur angolais auprès de l’Unesco, José Sita, principal animateur de l’événement.