Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune a opéré un vaste et profond remaniement ministériel au sein de l’équipe dirigée par le premier Abdelaziz Djerad. Au-delà du nombre des départements touchés par cette opération de restructuration, c’est sur la qualité des postes créés et le profil des ministres choisis qu’il faut se pencher et s’attarder. Six mois après la constitution du gouvernement post élection du 12 décembre 2019, le chef de l’état a décidé d’apporter des réajustements nécessaires à l’équipe de Djerrad. Des changements mus par la volonté de donner un second souffle à un exécutif confronté pendant des mois à une crise sanitaire sans précédent. Le bilan est satisfaisant certes mais la conjoncture impose d’injecter du sang neuf au sein de l’équipe mais aussi de procéder à des réglages devenus plus que nécessaires face aux défis qui attendent le pays.
Le communiqué rendu public par la présidence et portant l’annonce de la décision du chef de l’état appelle à des lectures sur les messages et nouveautés que véhiculent cet important changement, le premier du genre depuis la nomination du cabinet de Djerrad. En premier lieu, il est important à relever d’une manière manifeste que ce remaniement n’est pas une simple action visant à changer ou permuter des ministres juste pour le plaisir de changer. C’est une démarche qui découle d’une analyse profonde de la situation du pays et une évaluation rationnelle des enjeux et défis qui doivent être relevés dans les prochains mois. Se basant sur les résultats de cette évaluation et sur la base des données réelles, le président a, après avoir mûri le changement, annoncé sa décision de remanier en profondeur l’équipe gouvernementale tout en recentrant les pouvoirs et en clarifiant les options. Désormais les grands axes de travail sont redéfinis et l’ordre des priorités tracé, il importe au nouveau -ancien- cabinet de réussir le pari, celui de mettre les fondements de la nouvelle Algérie, telle que présentée et défendue par le président Teboune durant sa campagne électorale et au cours des différentes sorties médiatiques. Un défi et un challenge qui nécessite dévouement, solidarité et endurance. A travers ce remaniement, c’est l’efficacité et la performance qui sont recherchés pour booster les secteurs économiques productifs capables de tirer la croissance vers le haut et provoquer un décollage économique impératif dans une conjoncture fortement impactée par la crise économique induite d’abord par la chute des prix du pétrole et ensuite par la pandémie planétaire qui a lourdement affecté l’économie mondiale. Après six mois de travail et d’engagements, le temps est venu pour passer à une autre phase, un autre rythme pour une meilleure rentabilité et optimisation des moyens et potentialités dont dispose le pays. Le défi est immense, l’ambition est beaucoup plus grande.
Pour donner plus de chance de réussite et à la concrétisation des objectifs tracés rapidement et efficacement, le choix du chef de l’état s’est porté sur des hommes d’expérience et cumulant une grande expertise dans leurs domaines respectifs. Cela n’enlève rien à ceux qui avaient les charges ministérielles pendant les six premiers mois. Ils n’ont pas démérité mais à chaque conjoncture ses hommes, ses moyens et sa stratégie. C’est ce qui est communément appelé le réalisme politique. Les aspirations exprimées par le peuple algérien n’attendent pas et n’excusent ni lenteur, ni retard dans la conduite et concrétisation des réformes engagées dans plusieurs secteurs pour répondre aux attentes des citoyens dont l’adhésion à la politique menée par le président ne cesse de grandir et s’élargir au fil des jours.
Le changement opéré au sein du gouvernement renseigne amplement sur les priorités économiques fixées par le chef de l’état. La structuration mise en place et les profils choisis apportent une preuve irréfutable sur La l’orientation et les options lourdes fixés en matière économique et énergétique. C’est toute une approche et une philosophie sur le
Modèle économique en construction depuis janvier et dont la cadence est appelée à s’accélérer dans les semaines et mois à venir. Ce remaniement a, il faut le souligner, le mérite de livrer une visibilité économique qui faisait défaut depuis des années et dont les résultats désastreux sont connus de tous. L’impératif économique a donc lourdement pesé dans les choix effectués lors de ce remaniement ministériel.
Sur un autre plan, le changement opéré au sein du gouvernement a vu l’arrivée d’un homme d’une grande expérience à la tête du ministère de l’énergie. La nomination de Abdelmadjid Attar, ex PDG de Sonatrach, va donner un nouveau souffle au secteur névralgique. Cette phase sera marquée essentiellement par la revalorisation des ressources énergétiques et le développement des dérivés pétroliers. Cette nouvelle approche en la matière vise, faut-il le souligner, à permettre à l’Algérie de maintenir durant les prochaines années son statut dans le marché pétrolier et gazier. Le secteur des mines dont l’importance et la portée stratégique n’est pas à démontrer, se voit doté d’un ministère à part entière à l’occasion de ce remaniement après avoir été rattaché à l’énergie dans le précédent gouvernement mis en place en janvier dernier. Il est appelé à la faveur de ce changement à jouer un rôle cardinal dans la nouveau modèle économique du pays en phase de mise en œuvre.
Aussi et à la faveur de ce remaniement, un département ministériel dédié à la transition énergétique et les énergies renouvelables a été créé, ce qui est en soi une grande nouveauté qui confirme sans nul doute tout l’intérêt qu’accorde le chef de l’état à ce volet. Le profil choisi pour diriger ce nouveau ministère, le Professeur Chitour, connu pour être un fervent défenseur de la transition énergétique, est un gage important et un atout pour assurer la réussite de cette réforme qui va permettre à l’Algérie de s’orienter sur la voie du développement durable.
Les réajustements apportés lors de ce changement consacrent la mise en place d’un ministère dédié exclusivement à l’industrie pharmaceutique, ce qui va favoriser d’une manière définitive et radicale la fin des dysfonctionnements dans ce secteur. Ce secteur est considéré comme un véritable gisement d’emplois et à très haute valeur ajoutée, capable de booster le développement industriel et tirer vers le haut la croissance économique.
L’Algérie dispose de moyens et potentialités dans ce secteur lui permettant de devenir un acteur majeur dans cette industrie stratégique durant les prochaines années. Un objectif et une ambition que se sont fixés les pouvoirs publics à travers la création de ce département ministériel. Aussi, la création de ce ministère doit permettre à l’industrie pharmaceutique de se développer davantage pour satisfaire la demande nationale d’abord et devenir, à terme, conquérir une part importante de ce marché prometteur à l’international.
Dans cette nouvelle stratégie en cours de mise en œuvre, les affaires étrangères se voient confier une nouvelle mission, celle de la diplomatie économique pour accompagner le développement du pays et contribuer grandement à la réussite de la nouvelle politique décidée et conduite par le chef de l’état.
En fin, il importe de signaler, à juste titre, que plusieurs portefeuilles ministériels sont confiés à des universitaires, experts en la matière et des spécialistes chacun en son domaine. Ce choix répond essentiellement au souci de bénéficier de la technicité et de l’expérience de ces hommes et femmes dans la gestion des départements notamment les plus sensibles. Une meilleure manière également de garantir une efficacité dans la mise en œuvre des programmes tracés. Le remaniement opéré il y a quelques jours fait la part belle aux jeunes ministres de plus en plus nombreux à siéger au sein du gouvernement depuis l’arrivée du Président Tebboune à la tête de l’état, confirmant ainsi son intention et sa volonté à rajeunir les structures et l’encadrement des institutions de l’état.
T. Cherkaoui