La facture -provisoire- de la guerre contre la Libye.
Devinez qui a dit : « Parce qu’on ne répond pas à la violence par la violence, on ne combat pas la dictature avec les méthodes des dictateurs » ? Non ce n’est pas un pacifiste américain ou un disciple de Gandhi, non, ce n’est pas un chef d’État africain convaincu qu’il fallait utiliser la diplomatie et non les bombes en Libye, non ce n’est pas le secrétaire général de l’ONU dont la finalité est le maintien de la paix internationale. Non, rien de tout ça. C’est Nicolas Sarkozy – serait-il atteint de schizophrénie ?- qui s’adressait à Mahmoud Jibril, « Premier ministre de la Libye libre » et à sa délégation, lors de leur visite en France, le 24 août. Le président de la République française est, en effet, bien mal placé pour donner ce genre de conseil. Le bilan du ministère français de la Défense daté du 20 juillet dernier, soit quatre mois après le début de l’offensive contre la Libye, est édifiant.
– Pour la seule aviation française, on comptait, depuis le début des bombardements « 12000 à 14000 heures de vol ».
– 40 avions de combat sont intervenus
– 6 avions de soutien
– 8 navires (dont le porte-avion Charles de Gaulle)
– 18 hélicoptères d’attaque
– 4400 soldats ont été engagés
La France a été le premier pays contributeur au sein de la force internationale commandée par l’OTAN.
– 2500 cibles ont été détruites par guidage laser, incluant l’action des chasseurs et des hélicoptères français. Dont
– 800 sites logistiques
– 160 centres de commandement
– 450 chars
– 220 véhicules
– 140 pièces d’artillerie
Le coût de l’opération s’élevait, au 30 juin, pour la France, à 104 millions d’euros, dont 67 millions pour les munitions, 27 millions en suppléments de salaires, et 10 millions en dépenses logistiques. Cette évaluation ne comprend pas le coût « d’usage » des matériels qui n’est pas encore évalué. Gérard Longuet ne dit pas, non plus, combien l’intervention de l’OTAN a coûté en vies humaines, cela ne lui semble pas assez important pour entrer dans son bilan.
Tout ça est une fort bonne affaire pour le futur, à court terme, de l’économie française en panne. « L’augmentation des frappes dans le conflit libyen se traduira-t-elle par une commande de « recomplètement » des munitions ? » demandait, Guy Tessier, président de la Commission de la Défense à l’Assemblée nationale, à Gérard Longuet, le ministre de la Défense, lors d’une audition de ce dernier, le 3 mai 2011 ? La réponse est claire et éclairante : « Je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement, même si le besoin n’est pas immédiat. De toute façon, il existe aussi des délais de péremption pour les munitions lorsqu’elles ne sont pas utilisées. Ce n’est pas comme le bon vin… »
Conclusion de l’histoire, Nicolas Sarkozy aurait pu compléter son intervention en disant « Faites ce que je dis et non ce que je fais. »