Désormais, Zawahiri peut venir s’y installer
«Tout est en train de. C'est un grand sujet de satisfaction!». C'est Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, qui parle à propos de l'entrée, hier, des insurgés dans la capitale libyenne. De son côté, le président français Nicolas Sarkozy Nicolas a appelé, hier, les dernières forces fidèles au colonel Mouamar El Gueddadi à déposer les armes et a promis que la France continuerait de venir en aide au Conseil national de transition (CNT), rapporte l'agence Reuters qui cite un communiqué de l'Elysée. C'est donc la fête au plus haut sommet de l'Etat français pour avoir vaincu le leader libyen Mouamar El Gueddafi. Un vrai retournement de situation si l'on se rappelle que juste avant le mois de Ramadhan au moment où le général Abdel Fatah Younès, un proche de d'El Gueddafi, devenu chef des opérations militaires du camp rebelle après sa défection le 22 février, est tué à Benghazi dans des circonstances troubles, l'idée de l'incapacité des rebelles de venir à bout d'El Gueddafi était admise par tous. Entre-temps et d'après des sources concordantes, ce sont des troupes occidentales qui ont ouvert les portes de Tripoli à la tribu des Zintane passée à la rébellion. Ces fameuses troupes occidentales envoyées à Benghazi pour encadrer et conseiller les insurgés du CNT. Pour Gérard Longuet, le ministre français de la Défense, qui commentait hier la situation en Libye: «C'est le dernier carré, c'est le dernier réduit, avec un isolement total.» Alors guerre franco-libyenne ou victoire de la démocratie en Libye? Une chose est sûre, la Libye avec la chute de Tripoli entrera dans une ère de chaos indescriptible. Ce n'est certainement pas le groupe de contact que convoque la France pour la semaine prochaine qui pourra rétablir l'ordre et assurer la sécurité de la population libyenne. Il faut savoir que, selon l'Elysée, le groupe de contact aura à travailler sur la feuille de route qui tracera l'avenir du pays. Ce qui veut dire en clair que la France et ses alliés sont entrés en guerre contre la Libye sans autre objectif immédiat que de chasser El Gueddafi du pouvoir. Quant au devenir des Libyens, il sera débattu par la suite. Dans un pays à tradition tribale et fédéré jusque-là par un roi puis par un leader charismatique, il est difficile de prévoir ce qu'il adviendra des tribus une fois le lien les rassemblant aura disparu. Et c'est à ce moment-là que le démembrement de la Libye est à craindre. La Cyrénaïque, le Fezzan et la Tripolitaine. Un Etat qui sera éclaté en trois entités. Ce qui inquiète au plus haut l'Union Africaine qui a décidé de multiplier les réunions qui ont commencé hier et dont «le principal objectif est d'engager des discussions avec toutes les parties en Libye, engager un dialogue pour trouver des solutions pacifiques à cette situation» a annoncé le porte-parole de la commission de l'UA, Noureddine Mezni. Hier, la situation était incontrôlable en Libye où le chef du CNT qui regroupe les rebelles, Mustapha Abdeljalil a même menacé de démissionner pour protester contre les actes de vengeance perpétrés selon lui, par certains combattants rebelles sur le terrain, rapporte une dépêche de l'AFP. Ce qui explique aussi la position de l'Afrique du Sud qui «en cas de départ du dirigeant libyen, ne reconnaîtrait pas le Conseil national de transition des rebelles dans l'immédiat», a déclaré, hier, la ministre des Affaires étrangères, Mme Maite Nkoana-Mashabane. Dans cette ambiance de mise à mort d'un peuple et dont personne ne peut préjuger des suites et des souffrances qui seront infligées aux populations civiles que le Conseil de sécurité a autorisé à bombarder pour «les sauver», il n'y a que les groupes terroristes d'Al Qaïda venus du Sahel et dont chacun sait qu'ils sont présents en force parmi les rebelles libyens, qui se frottent les mains. Zawahiri peut venir s'y installer. C'est l'incertitude la plus totale qui commence pour toute la région.