Lu dans « Liberté-Alger »
Les nouveaux dirigeants de Tunis ont probablement tiré des leçons de ce qui s’est passé en Algérie durant les années ayant suivi les évènements du 5 Octobre 1988, et dans d’autres pays arabes touchés par des situations similaires, pour éviter de tomber dans le même piège.
Des incidents isolés dans certaines régions de Tunisie indiquent que les islamistes sont toujours là aux aguets pour imposer leur projet de société dans ce pays voisin traversant actuellement une période difficile. Comme il va falloir combler le vide né de la dissolution du parti au pouvoir (RCD) sous Zine El-Abidine Ben Ali, les fondamentalistes ne rateront pas l’occasion d’exploiter cette opportunité. C’est dire que la mission des autorités tunisiennes et de la société civile locale, qui bénéficient d’un soutien étranger assez conséquent, s’annonce bien difficile. Certes le peuple tunisien a gagné la bataille de faire chuter le dictateur Ben Ali et de faire fuir sa meute de prédateurs, qui avaient la mainmise sur l’économie tunisienne, mais il lui faudra faire preuve de beaucoup de vigilance pour ne pas se retrouver entre les mailles d’un État théocratique. Les nouveaux dirigeants de Tunis ont probablement tiré des leçons de ce qui s’est passé en Algérie durant les années ayant suivi les évènements du 5 Octobre 1988, et dans d’autres pays arabes touchés par des situations similaires, pour éviter de tomber dans le même piège. Il faut croire que la Tunisie est bien mieux lotie, parce qu’elle a l’avantage de connaître ce qu’ont enduré les pays où la mouvance islamiste s’est essayée au pouvoir et possède davantage de moyens de se mettre à l’abri de ce phénomène, qui a bel et bien ébranlé le régime algérien. En effet, grâce à son immense expérience, le Chef du gouvernement tunisien, Bedji Caïd Essebsi, tente de colmater les brèches à même de servir de champ d’action aux islamistes. Il peut compter sur l’aide de nombreux pays, dont l’Algérie, qui ont manifesté leur soutien par des aides financières et des effacements de la dette de la Tunisie. Peuple et officiels algériens n’ont pas hésité à montrer leur solidarité avec les Tunisiens. Leur venir en aide relève de la logique même, car une Tunisie en difficulté est synonyme de danger pour ses voisins et les autres.