La diplomatie se déploie tous azimuts au Maghreb, pour faire cesser les combats en Libye.
Quelle portée faut-il donner à la réception d’une délégation du Conseil national de transition (CNT) libyen à Tunis ce samedi 18 juin ? S’agit-il d’une médiaion tunisienne entre les deux parties en conflit ? Ou s’agit-il plutôt d’un premier pas vers la rupture avec le régime de Kadhafi ? La Tunisie va-t-elle autoriser des unités clandestines occidentales à se servir de son territoire pour aider les rebelles ? Quelles conséquences ce rapprochement aura-t-il sur la stabilité même de la Tunisie, étant donné la division de la population tunisienne entre pro et anti Kadhafi ? Last but not least, quelles seront les repercussions de ce grand revirement tunisien sur les relations avec l’Algérie qui rejette toute ingérence étrangères dans les affaires intérieures libyennes ?
Cette évolution était pourtant pereptible ces deux dernières semaines, particulièrement depuis la visiste de Caïd Essebsi, le chef du gouvernement provisoire à Paris. Mardi 14 juin, la Tunisie avait déjà laissé entendre qu’elle est disposée à reconnaître le Conseil national de transition (CNT), l'organe de la rébellion, si celui-ci le lui demandait, alors que des obus libyens sont tombés en territoire tunisien.
"Il est impensable d'accepter qu'un pouvoir bombarde massivement des villes entières. Celui qui fait cela perd toute sa légitimité", a déclaré à l'AFP M. Taieb Baccouche, ministre de l'éducation et porte-parole du Conseil des ministres.
"Si des négociations sont menées entre le gouvernement et le CNT, la Tunisie est prédisposée à reconnaître ce conseil", a dit M. Baccouche. Il a précisé qu'il y avait eu des visites de membres du CNT à Tunis, mais "pas de demande explicite de reconnaissance". "Si cette demande nous parvient, nous l'examinerons en conseil des ministres", a-t-il ajouté.
Dans une interview à la chaîne qatariote Al-Jazira, le Premier ministre de transition Béji Caïd Essebsi avait lui-même déclaré lundi 13 juin: "nous reconnaîtrons (le CNT) lorsqu’il nous le demandera".
"Au début la Tunisie avait observé une neutralité absolue en raison des liens de voisinage et du nombre croissant de réfugiés arrivant en Tunisie", a fait valoir M. Baccouche, avant de reprocher au leader libyen Mouammar Kadhafi "d'avoir tout fait pour exprimer son mécontentement et son rejet de la révolution tunisienne".
"Il s'est permis de s'immiscer dans les affaires tunisiennes en appelant les Tunisiens à garder (le président déchu) Ben Ali". "Cela a été très mal perçu par le peuple et le gouvernement tunisien", a ajouté M. Baccouche.
Le ministre a noté qu'il y avait eu pas mal de problèmes à la frontière entre les deux pays et que certaines zones situées en territoire tunisien avaient été bombardées, "ce qui est inacceptable", a-t-il dit.
Sa déclaration est intervenue alors qu'une dizaine d'obus ou de roquettes sont tombés du côté tunisien de la frontière mardi, selon des témoins, une information qui n'a pas été confirmée officiellement.
Samedi 18 juin, le président du Conseil national de transition libyen (CNT) Moustapha Abdelajalil est arrivé samedi à Tunis où il a été reçu par le Premier ministre Béji Caïd Essebsi. Cette entrevue n’a pas été suivie de l’annonce de la reconnaissance officielle du CNT par le gouvernement tunisien comme certains s’attendaient. ?
Voulant forcer la main aux nouveaux dirigeants tunisiens, le président du CNT libyen Abdeljalil, a déclaré : ?"Notre venue en Tunisie à l’invitation du président (par intérim Fouad Mebazzaâ) est en soi une reconnaissance". Il a exprimé sa "reconnaissance pour l’accueil hospitalier réservé par le peuple et le gouvernement tunisiens aux réfugiés libyens qui ont fui les affres de la guerre en Libye".? Selon lui, "les mesures et les faits sur le terrain dépassent la question de la reconnaissance". Il a noté que la Ligue arabe avait admis que "le régime de Kadhafi a perdu toute légitimité et que le CNT était désormais l’interlocuteur légitime", ce qui, à ses yeux, constitue de fait "une reconnaissance par tous les pays arabes".?C’est la première visite en Tunisie du CNT, qui représente l’insurrection contre le régime de Moammar Kadhafi. Elle coïncide avec la présence dans la capitale tunisienne de l’émissaire russe Mikhaïl Marguelov, venu plaider pour un règlement politique de la crise libyenne, et d’un émissaire de Tripoli, Mohammed Ahmed Boukraâ, porteur d’un message dont la teneur n’a pas été révélée.?En réponse à une question d’un journaliste, le président du CNT a nié qu’il y ait des discussions avec des représentants du gouvernement libyen. "La seule solution réside dans le départ de Kadhafi", a-t-il martelé.?Après s’être entretenu vendredi avec le Premier ministre tunisien, le diplomate russe, qui venait de Libye, s’était dit persuadé que "des chances existent pour un règlement politique" du conflit libyen. Estimant que Tunis est à même de jouer "un rôle important" pour mener "avec succès" un dialogue entre les parties libyennes, il a annoncé le report de son départ à samedi soir en attendant la visite du président du CNT.
En réponse à une question d'un journaliste, le président du CNT a nié qu'il y ait des discussions avec des représentants du gouvernement libyen. "La seule solution réside dans le départ de Kadhafi", a-t-il martelé.
Après s'être entretenu vendredi avec le Premier ministre tunisien, le diplomate russe, qui venait de Libye, s'était dit persuadé que "des chances existent pour un règlement politique" du conflit libyen. Estimant que Tunis est à même de jouer "un rôle important" pour mener "avec succès" un dialogue entre les parties libyennes, il a annoncé le report de son départ à samedi soir en attendant la visite du président du CNT.
(avec les agences)