Selon le Commissaire divisionnaire Khelifa Ounissi, directeur de la Paf, « la frontière Est est sécurisée ».
Anticipant l’arrivée à Alger d’Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères, les autorités algériennes ne manquent pas une occasion pour exprimer leur désaccord sur la manière dont les pays occidentaux, menés cette fois-ci par la France et l’Angleterre, interprètent et traduisent sur le terrain la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Onu. Non seulement l’Otan, auto-érigé en bras armé de l’Onu, mène désormais, sous prétexte de « sauver les civils libyens », une guerre ouverte contre le régime libyen dans le but de le renverser, mais aussi créé les conditions objectives de déstabiliser toute la région du Maghreb et du Sahel.
Il y a quelques jours, le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a déclaré le 1er juin qu’il était en possession d’informations qui « font état de la récupération d’armes sophistiquées par des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb ».
Avec la désertion de plusieurs casernes, la Libye est devenue un « dépôt d’armes à ciel ouvert », a encore dit M. Messahel, soulignant que les récents attentats terroristes en Algérie « n’étaient pas le fait du hasard ».
Pour le ministre algérien, qui animait une conférence avec le patron de l’Africom, le général Carter F. Ham, qui se trouvait à Alger, « l’Algérie, en tant que pays voisin, était interpellée par la situation en Libye et ne peut être indifférente à ce qui se passe dans ce pays, tout en œuvrant dans le cadre de la légalité internationale et en s’en tenant strictement au principe de non-ingérence ».
En avril et mai, l’Algérie a été le théâtre d’une série d’attentats contre les forces de sécurité. Sept soldats ont été tués en mai lors d’une attaque contre un poste militaire avancé dans la région de Jijel à 350 km à l’est d’Alger. En avril, une série d’attaques islamistes attribuées à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont fait une trentaine de morts dans les rangs des forces de sécurité dans les régions de Tizi Ouzou (110 km à l’est d’Alger), Boumerdès et Bouira (125 km au sud-est d’Alger).
Le 14 juin, c’était au tour du patron du Paf, de monter au créneau. La situation est bien maîtrisée selon ce haut responsable de la sécurité, le directeur des frontières de la direction générale de la Sûreté nationale, le commissaire divisionnaire Khelifa Ounissi. Lors d’une conférence de presse, il a affirmé que désormais, « la frontière Est [avec la Tunisie et la Libye] est sécurisée et maitrisée ». Avant d’ajouter que « le niveau d´alerte a augmenté depuis quelques mois, en raison des troubles qui bouleversent la région ».
Les conséquences de l’intervention française en Libye sont à l’ordre du jour de l’actuelle visite de Juppé à Alger. Encore une fois, les autorités algériennes exprimeront avec force leur attachement à la souveraineté de la Libye, au rejet de l’interventionnisme et à l’attachement à la solution politique prônée depuis le début par l’Union africaine.