Comment les gouvernements occidentaux ont fait bloc avec l’Etat d’Israël contre leurs propres citoyens
Le mois de juillet devait être celui de la solidarité internationale avec le peuple palestinien. Plusieurs initiatives étaient, en effet, lancées, pour la venue de centaines de personnes à partir de l’Europe, des États-Unis et d’ailleurs, désireux de manifester leur soutien concret aux Palestiniens. Mais Israël qui considère généralement toute démonstration de solidarité avec la Palestine occupée comme un acte terroriste, a le bras long et des soutiens honteux de la part de certains gouvernements.
Début juillet, la Flotillede la solidarité composée d’une dizaine de bateaux, en route pour Gaza était bloquée par les autorités grecques dans le port d’Athènes. Les autorités grecques ont, en effet, invoqué la menace d’Israël de recourir à la force pour empêcher les militants de briser le blocus de Gaza. L’année dernière, neuf personnes avaient été tuées dans l’attaque de la première flottille humanitaire. Seul le bateau affrété par les Français, le Dignité-al-Karama, qui n’était pas à quai au Pirée, a pu passer par les mailles du filet…mais est resté bloqué en Crète, après avoir été intercepté par les garde-côtes grecs. Le 18 juillet, trompant les autorités grecques en affirmant qu’ils se rendraient à Alexandrie, Le Dignité-al Karamafaisait route pour Gaza qu’il espérait atteindre. Cependant, Israël a déclaré qu’elle disposait de nouveaux moyens pour arrêter ces « terroristes », « sans faire de victimes ». À suivre, donc.
A Athènes, de nombreux participants ont quitté les navires, après deux semaines de blocage. Israël est soupçonné d’avoir saboté deux des bateaux, un affrété par les Irlandais et un autre par des Scandinaves. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a remercié son homologue grec, George Papandréou. « Israël a pleinement le droit de se défendre et d’empêcher que des missiles, des roquettes et toutes sortes d’armes soient livrées à l’enclave terroriste du Hamas », a-t-il déclaré. Il a également remercié« les nombreux dirigeants internationaux » de leur soutien.
Une grande initiative internationale, sorte de « flottille aérienne, était, en même temps, organisée, le 8 juillet. A cette date, des centaines de sympathisants de la Palestine venus du monde entier, y compris depuis la Nouvelle Zélande ou l’Australie, devaient se rendre en Cisjordanie à l’invitation de la société civile palestinienne. Une façon de marquer, en brisant le blocus israélien, l’anniversaire du jugement historique de la Cour internationale de La Hague qui, le 9 juillet 2004, avait condamné la construction du mur, en violation du droit international. Mais le 8 juillet, attendues de pied ferme, plus d’une centaine de personnes étaient arrêtées à l’aéroport Ben Gourion, et transférées dans les prisons de Beersheva, dans le sud d’Israël (Neguev) et de Guivon à Ramleh. Parmi elles, une majorité de Français (de la Mission BienvenuePalestine, notamment), mais aussi des Américains, des Belges, des Bulgares, des Espagnols et des Néerlandais, des Britanniques qui voulaient se rendre en Cisjordanie. Trente six étaient expulsées à bord d’avions de la Lufthansa et d’Alitalia, le même jour, les autres ont dû attendre. Une cinquantaine auraient, néanmoins, réussi à franchir les contrôles à l’aéroport et à se rendre en Cisjordanie.
En même temps, dans les aéroports européens, les compagnies aériennes refusaient d’embarquer des centaines de sympathisants qui voulaient se rendre, également, en Cisjordanie, dans le cadre de la même initiative. C’était sans compter avec les complicités et les réseaux d’Israël à l’étranger. Le gouvernement israélien avait envoyé, préventivement, une liste de plusieurs centaines de noms de voyageurs à toutes les compagnies aériennes susceptibles de les transporter, en leur demandant de ne pas les embarquer. « Nul ne connaît sur quelles bases de telles listes ont été dressées et de quel crime on accuse ces citoyens, si ce n’est de crime de solidarité internationale», déclarait Leïla Shahid, Déléguée générale de la Palestine auprès de l’Union européenne.
En France, à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, mais aussi à Genève, Rome, Bruxelles, Zürich, Francfort, Budapest, Londres, Vienne, Istanbul, Athènes et Bucarest, les passagers indésirables ont eu beau protester, organiser des sit-ins, ou autres formes de protestation, ils n’ont pas eu gain de cause. Certains ont, toutefois, obtenu des attestations motivées de ces refus d’embarquement qui prouvent l’allégeance des compagnies aux Israéliens. Il s’agit d’Air France, Alitalia, Austrian, Lufthansaou encore Malev. Le soir du 8 juillet, les forces de police sont intervenues à Roissy violemment, avec des gaz lacrymogènes, contre les participants de la Mission BienvenuePalestine, faisant deux blessés graves et arrêtant une centaine d’entre eux. Interpellé par Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du groupe Communistes et Parti de gauche au Sénat,le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, n’a pas répondu. De manière générale, les gouvernements européens n’ont apporté aucun soutien aux participants à ces initiatives dont les droits ont été bafoués. Selon les témoignages, la Consule générale de France en Israël, Colette le Baron, aurait dit, en gros, aux participants emprisonnés « Vous n’aviez qu’à pas venir ».
Concernant la Flottille, Alain Juppé a exprimé la position française officielle. « Il s’agit d’une mauvaise idée, peut-on lire dans le communiqué de son ministère, (…) l’aide humanitaire à destination de Gaza doit transiter par voie terrestre, via les canaux existants mis en place par les autorités israéliennes. (…)». Le 18 juillet, au cours d’un point de presse, Bernard Valero, son porte-paroles, reprenait, à propos du Dignité-al Karama,le même argument en ajoutant, « Il s’agit du moyen le plus efficace et le plus responsable de venir en aide à la population civile de Gaza ». C’est clair…. Le gouvernement canadien du conservateur Stephen Harper abonde dans ce sens. Son ministre des affaires étrangères, John Baird, a qualifié la mission de « provocatrice » et « peu utile ». Quant à Barack Obama, il n’avait pas caché son antipathie pour la première Flotille, même s’il a demandé une enquête après l’attaque meurtrière des Israéliens, confiée aux même Israéliens !
Les efforts et les sacrifices consentis par certains pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien n’auront, toutefois, pas été complètement anéantis par le gouvernement sioniste. Le 13 juillet, un tribunal israélien a jugé que la décision du ministère israélien de l’Intérieur d’interdire l’entrée du territoire à des militants déclarant se rendre dans les territoires palestiniens occupés, était illégale. Il a précisé dans son jugement qu’il n’était pas normal que des personnes souhaitant se rendre dans ces territoires, soient contraintes de mentir aux autorités lorsqu’elles arrivent à l’aéroport Ben Gourionde Tel Aviv. Le tribunal avait à juger des plaintes de l’Australienne Sylvia Hale et de la Néo-Zélandaise, Vivienne Porzsolt, âgées de 69 ans, soutenues par leur avocat israélien, Omer Shatz, qui s’étaient vu refuser l’entrée en Israël. C’est un camouflet, également, pour les gouvernements européens et les compagnies aériennes qui ont collaboré avec Israël, dans cette affaire. « C’est la première fois qu’un procès contestant une mesure d’expulsion se solde par une victoire . C’est une décision extrêmement importante qui fera jurisprudence pour tous les cas à venir », a commenté l’avocat.
Les organisations solidaires avec la Palestine ne s’arrêteront pas là. Déjà, de nouvelles initiatives sont au programme pour l’année prochaine. Notamment, à travers une initiative organisée par des associations et des intellectuels égyptiens qui les invitent à entrer à Gaza par la frontière égyptienne. Pour en savoir plus, aller sur le site :
https://www.dailymotion.com/video/xjx08g_de-l-egypte-a-gaza_news