Avec la restructuration du secteur à l’occasion du remaniement ministériel de juin, le président James Michel a replacé le secteur privé, plus à même de défendre les intérêts nationaux, au centre du dispositif.
Àla suite du remaniement ministériel de juin, le président James Michel a pris des décisions de la plus haute importance pour le futur du tourisme. D’une part, le portfolio de ce secteur est désormais dans les mains de la présidence. D’autre part, le choix d’hommes comme Barry Faure et Alain Saint-Ange à ses côtés et à des postes clés met fin à une stratégie et des pratiques qui ont gravement menacé un secteur « pilier » de l’économie nationale.
Esprit limité
Pendant des années, le secteur privé a été pénalisé par des décisions prises par des fonctionnaires non professionnels appartenant à la nébuleuse de l’ancien président Albert René. Sans aucune transparence, ils détenaient le pouvoir dans tous les domaines, particulièrement à la tête du Seychelles Tourism Board (STB, équivalent du ministère du Tourisme) et d’organismes étatiques incontournables, comme le Seychelles Marketing Board qui, jusqu’à sa disparition en mars 2008, avait le monopole des importations. Contrôle des changes drastiques, limitation des importations nécessaires à la bonne marche du secteur hôtelier, difficultés de recrutement de personnel étranger compétent, classification aléatoire des établissements et autres contrôles abusifs et hostiles, autant de freins au développement indispensable de l’industrie du tourisme. Le divorce entre public et privé était consommé.
Imposé par le STB et son président, Maurice Lousteau-Lalanne, homme d’Albert René, également président d’un certain nombre de structures étatiques comme la Seychelles Broadcasting Corporation ou la très stratégique Seychelles Islands Foundation (ISF) qui gère les îles proches et éloignées (1), la politique touristique « Seychelles destination haut de gamme » privilégiant les investissements étrangers – russes, saoudiens, sud-africains, koweïtiens… – pas toujours très « propres » s’est avérée catastrophique à terme. Le fonctionnement même du STB, tout à fait antidémocratique, était également dénoncé par les représentants du secteur privé qui n’arrivait ni à faire se faire entendre, ni à faire respecter les décisions majoritaires.
Sortir l’archipel de la crise économique qu’il traversait – surendettement, faillite de l’État, chute du tourisme, etc. – est devenu, comme la lutte contre la corruption ostentatoire et l’ouverture à l’opposition, le nouveau credo du président James Michel. La nécessité de réconcilier les secteurs privé et public du tourisme était évidente. C’était aussi l’objectif, depuis plusieurs années, de la Seychelles Hospitality and Tourism Association (SHTA), organisation des professionnels seychellois de l’hôtellerie. À sa tête, Louis d’Offay, hôtelier de la première heure, pour qui les Seychelles « ont finalement ouvert une nouvelle page de l’industrie du tourisme ». « Notre association a travaillé dur pour voir le tourisme devenir l’industrie que nous voulons tous continuer à défendre. Les jours où notre industrie était dirigée par des non-professionnels sont maintenant derrière nous et nous devons tous regarder devant avec optimisme », a-t-il déclaré après le remaniement.
À ses côtés, Alain Saint-Ange, également professionnel de l’hôtellerie, membre de l’opposition (SNP, Seychelles National Party) et vice-président de SHTA. Nommé, il y a deux ans, directeur du Tourism Marketing et membre, comme Louis d’Offay, du conseil d’administration de STB, Alain Saint-Ange a été la cheville ouvrière de ce bouleversement tant attendu. Défendant une orientation de la politique touristique opposée à celle de Maurice Lousteau-Lalanne, avec le slogan « Les Seychelles à la portée de tous », ne ménageant aucun effort pour mettre en place une stratégie de diversification et un nouveau partenariat public-privé, homme intègre connu et respecté par le secteur hôtelier national et international, Alain Saint-Ange a permis aux Seychelles, en 2009, de faire un bond de 13 %, progression du tourisme qui se confirme en 2010 avec 14 % pour le premier semestre.
La nomination, saluée par les professionnels seychellois, de Barry Faure, nouveau secrétaire d’État auprès du président, à la tête du STB à la place de Maurice Lousteau-Lalanne désormais fonctionnaire aux Affaires étrangères, est le signe d’une volonté forte de réconcilier public et privé et d’assainir ce secteur économique stratégique. De son côté, nommé par James Michel, directeur exécutif du Seychelles Tourisme Board, Alain Saint-Ange, soutenu par le secteur privé, pourra désormais mettre totalement ses compétences au service de l’économie seychelloise. « Je remercie le président Michel pour le nouvel esprit d’unité qu’il insuffle à notre industrie », a déclaré Louis d’Offay à l’annonce de ce remaniement. « Le budget du STB sera un test important de la volonté de notre pays de faire en sorte que les Seychelles restent une destination touristique sérieuse », a-t-il ajouté. Sera-t-il entendu ?
(1) On pense à l’achat de l’île Arros
par la milliardaire française Betancourt
qui ne l’a pas déclarée au fisc français : par qui et comment celle île a-t-elle été vendue ?
La question est posée aujourd’hui.