Laurent Gbagbo n’avait pas osé quitté son fief pour se rendre à Addis Abeba : mal lui en a pris. Les absents ont souvent tort.
L’Union africaine a confirmé qu’elle reconnaissait bien Alassane Ouattara comme président de la république de Côte d’Ivoire. Heureux de cette victoire, qui n’apparaissait plus du tout certaine ces dernières semaines, Alassane Ouattara s’est envolé pour Abuja, afin de rencontrer son homologue Goodluck Jonathan, qui l’avait soutenu depuis le début de la crise. Jonathan est président du Conseil de paix et de sécurité, l’organe chargé de ces questions délicates à l’Union africaine. Il assure également la présidence tournante de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), organisme interétatique qui a aussi été l’un des premiers soutiens de Ouattara après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, fin 2010. C’est dire si ce dernier a désormais de nombreuses cartes en main pour prendre l’ascendant sur son adversaire, crispé sur un pouvoir de plus en plus fantôme dans le palais présidentiel d’Abidjan. Ouattara s’est ensuite rendu chez Blaise Compaoré au Burkina, puis chez Abdoulaye Wade au Sénégal. Par ailleurs, des informations circulent sur le "lâchage" de Laurent Gbagbo par le Sud-Africain Jacob Zuma, en butte au mécontentement de nombre de composantes politiques sud-africaines. C'était, avec le président angolais Dos Santos, un de ses soutiens majeurs, parce que militairement et diplomatiquement puissant sur la scène interafricaine.
Il est revenu sans encombre à son hôtel du Golf, à Abidjan, malgré le blocus aérien décrété par un Laurent Gbagbo qui n’avait pas osé quitter son fief pour se rendre à la réunion de l’UA à Addis Abeba.