Desmond Tutu et Shirin Ebadi, tous deux prix Nobel de la paix, ainsi que 117 organisations africaines de défense des droits humains domiciliées dans vingt-cinq pays ont appelé le gouvernement du Sénégal et l’Union africaine à progresser rapidement dans l’organisation du procès d’Hissène Habré.
Habré a dirigé le Tchad d’une main de fer de 1982 à 1990, avant d’être renversé par le président Idriss Déby Itno et de fuir au Sénégal. Son régime de parti unique a été marqué par de graves exactions ainsi que par des campagnes d’épuration ethnique. Des documents de la police politique d’Habré, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), ont révélé les noms de 1 208 personnes assassinées ou mortes en détention. Un total de 12 321 victimes de violations de droits humains a été recensé dans ces fichiers.
« Les victimes du régime d’Hissène Habré luttent sans relâche depuis vingt ans pour que justice leur soit rendue et de nombreux survivants [à son régime] sont déjà décédés », rappelle une pétition adressée au Sénégal et à l’Union africaine signée par des organisations de la société civile africaine, des lauréats du prix Nobel de la paix et autres personnalités. « Au lieu de voir leur cause entendue, les victimes ont eu droit à un interminable feuilleton politico-judiciaire », peut-on y lire.
Habré a été inculpé une première fois au Sénégal en 2000 mais, à la suite d’ingérences politiques dénoncées par deux rapporteurs des Nations unies, les juridictions sénégalaises se sont déclarées incompétentes pour juger cette affaire. Les victimes de Habré se sont alors tournées vers la Belgique et, après quatre années d’enquête, un juge belge a inculpé Habré pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture en septembre 2005. Après que le Sénégal a rejeté la demande d’extradition de la Belgique, le président Abdoulaye Wade a accepté le mandat émis par l’Union africaine visant le jugement de Habré au Sénégal.
Le 1er juillet 2010, après des années de discussion autour de la question du budget, l’Union africaine et l’Union européenne ont annoncé la tenue d’une réunion des bailleurs de fonds en octobre. Toutefois, il n’y a toujours pas eu d’accord définitif sur le budget final.
Parmi les signataires de la pétition figure le Sud-Africain Richard Goldstone, qui a été le premier procureur des tribunaux pénaux internationaux des Nations unies pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda. Plus récemment, il a dirigé l’enquête de l’Onu sur le conflit de Gaza.
www.fidh.org/IMG/pdf/Petition_avec_liste_Complete_des_signataires.pdf
Tribunal Russell sur Palestine : juger Israël
L’assaut contre « la flottille de la liberté » par les commandos israéliens commis le 30 mai 2010, au large des côtes de la bande de Gaza, viole plusieurs règles élémentaires de droit international. Ces violations entraînent la responsabilité internationale d’Israël, son obligation de réparer les dommages résultant de ces violations et l’obligation de tous les États de punir pénalement les auteurs de ces violations lorsqu’elles s’apparentent à des crimes de droit international. […]
Cette stratégie délibérée d’ignorance du droit international par Israël résulte du laisser-faire et de l’impunité dont jouit cet État depuis plusieurs décennies de la part de la communauté internationale, ainsi que l’a clairement souligné le jury du Tribunal Russell sur la Palestine (TRP) lors de sa première session internationale à Barcelone. À cet effet, le TRP demande:
1) la fin des entraves apportées par Israël à l’aide humanitaire envoyée à Gaza, entraves qui s’apparentent à une forme de châtiment collectif interdit par la 4e CG (art. 33) ;
2) la levée du siège de Gaza par les autorités israéliennes en vertu de son obligation de cesser l’occupation des territoires occupés ;
3) l’ouverture d’une enquête internationale sur les circonstances de l’assaut commis ce 30 mai, afin d’examiner la validité des éventuelles justifications invoquées par Israël ;
4) la suspension de l’accord d’association Union européenne/Israël conformément aux dispositions contenues dans cet accord.
Stéphane Hessel, Pierre Galand, Brahim Senouci, Bernard Ravenel, Paulette Pierson-Mathy, François Maspero, Marcel-Francis Kahn, membres du Comité organisateur international du Tribunal Russell sur la Palestine, Cynthia McKinney, Gisèle Halimi, Alberto San Juan, membres du jury du Tribunal Russell sur la Palestine. Mairead Maguire, membre du jury du TRP et prix Nobel de la paix,
a fait partie des passagers de la « flottille de la liberté ».
www.russelltribunalonpalestine.org/
Erratum
Une malencontreuse inversion de correction nous a fait écrire, dans notre numéro de mai 2010 (« Libres mais soumis », p. 40) que le nom de l’empereur d’Ethiopie avant son couronnement était « Rastafarians », alors qu’il fallait lire : « Ras Tafari ». Que nos lecteurs veuillent bien nous excuser.