Lors de son investiture, Thomas Boni Yayi a multiplié les gestes en direction de son opposition radicale et des mécontents dans sa population.
Réélu président de la République à l'issue du scrutin controversé du 13 mars dernier, Thomas Boni Yayi a prêté serment mercredi 6 avril au stade Charles de Gaulle de la capitale politique et administrative du pays, Porto-Novo, à l'occasion d'une cérémonie solennelle d'investiture. Six chefs d'État africains y ont pris part: le Congolais Sassou Nguesso, la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf, le Sierra-Léonais Ernest Baï Koroma, le Togolais Faure Gnassingbé, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Sénégalais Abdoulaye Wade. Étaient absents, en revanche, les principales figures de l'opposition béninoise, notamment Me Adrien Houngbédji qui s'était proclamé lui aussi président à l'issue de l’annonce de la victoire du chef de l'État sortant par la Cour constitutionnelle. Les anciens présidents Nicéphore Soglo et Emile Derlin Zinsou étaient également absents.
Dans son discours prononcé juste après avoir fait son serment devant le président de la Cour constitutionnelle, Boni Yayi a multiplié les gestes d'apaisement en direction de l'opposition radicale, qui n'a toujours pas reconnu sa défaite, laissant planer de lourdes menaces sur la paix sociale.
« A vrai dire, à l'issue du scrutin du 13 mars, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu, c'est le peuple béninois qui est sorti grandi », a assuré le président réélu. Boni Yayi a en outre indiqué qu'il avait été sensible aux projets de société de ses concurrents, annonçant la formation d'un gouvernement d'ouverture qui serait dirigé par un Premier ministre, poste non prévu par la constitution du pays, mais qu'il entend créer. Les Béninois restaient toutefois sceptiques quant à ce poste de Premier ministre, rappelant l'expérience difficile de 1996-1998 quand Mathieu Kérékou, alors chef de l’Etat, avait nommé Adrien Houngbédji chef du gouvernement, ce qui s'était soldé par une cohabitation délicate.
Pour calmer la colère des épargnants spoliés par une structure de crédit pourtant autorisée par l'État, une affaire dont ses opposants s’étaient emparés pour critiquer la mauvaise gouvernance de son régime, Boni Yayi a annoncé qu'il veillerait à ce que cette société rembourse les déposants.
S'agissant de la réforme des institutions qu'il entend piloter au cours de ce second quinquennat, Boni Yayi a mis un terme aux supputations, en indiquant clairement qu'il ne toucherait pas à la limitation du nombre de mandats inscrite dans la constitution, et que son mandat actuel serait bien "le tout dernier".