En ayant décidé de renforcer sa force de paix en Somalie, l’Union africaine a provoqué la fureur de la milice Al-Shabab, qui a revendiqué le carnage de l’attentat de juillet en Ouganda. Envoyer toujours plus de troupes étrangères ne réglera pas les problèmes de Mogadiscio.
Le 11 juillet restera une journée tragique pour l’Ouganda. Les deux bombes qui ont explosé au Village Restaurant, dans le quartier très animé de Kabalagala de la capitale, et au club de rugby à Lugogo ont tué soixante-dix-sept personnes de diverses nationalités – dont un Américain – et fait de nombreux blessés. Cet acte barbare a été revendiqué par l’organisation Al-Shabab à Mogadiscio, en Somalie.
L’enlisement
L’attentat de Kampala a profondément choqué l’Ouganda et ses alliés occidentaux pour diverses raisons. D’abord, il a démontré la capacité d’Al-Shabab à frapper à l’étranger, comme il en avait menacé l’Ouganda, le Burundi et l’Éthiopie. Ensuite, il souligne l’échec de la force africaine de maintien de la paix en Somalie (Mission de l’Union africaine en Somalie, Amisom en anglais) composée de 6 000 soldats ougandais et burundais. Auparavant, l’intervention américaine et éthiopienne en Somalie s’était soldée par un désastre suivi d’un retrait dans la confusion. Avec l’attentat de Kampala, Al-Shabab a fait monter les enchères et accru le mécontentement des Ougandais à l’égard de leur gouvernement et son expédition en Somalie. Une expédition principalement soutenue par Washington et qui a bénéficié militairement et financièrement au gouvernement de Museveni.
Par ailleurs, la force de maintien de la paix s’est révélée incompétente face à Al-Shabab et aux forces radicales de Sheikh Al Weys – bien que ces organisations soient à couteaux tirés – qui occupent une bonne partie de la Somalie, dont de larges zones de Mogadiscio. Al-Chabab a d’ailleurs revendiqué le 24 août l’attaque par un kamikaze chargé d’explosifs de l’hôtel Muna, situé dans la quartier d’Elgaab a priori contrôlé par les forces gouvernementales et l’Amisom, qui a fait 31 morts dont six députés.
La tentative de changer le mandat de l’Amisom de « maintien de la paix » en « renforcement de la paix » a été bloquée par les Nations unies, décision suivie par le sommet de l’Union africaine à Kampala qui a pourtant eu des mots très durs contre Al-Shabab. Quelques pays africains ont garanti qu’ils allaient envoyer de nouvelles troupes pour l’Amisom, notamment les délégués de Djibouti et de la Guinée qui ont promis 4 000 soldats supplémentaires. Le Nigeria et le Ghana devraient aussi envoyer des renforts. L’Ouganda a juré de continuer de se battre mais, à part les déclarations de bravoure de Museveni, il est évident que l’Amisom est vouée à l’échec. Dans le contexte de conflits de clans qui déchirent la Somalie, le gouvernement de transition que ces troupes doivent défendre reste faible et fragile.
Le chaos somalien ne sera pas résolu par l’envoi de nouvelles troupes étrangères. La politique globale américaine dans la Corne de l’Afrique, particulièrement en Somalie, s’est avérée inopérante et il serait enfin temps de chercher de meilleures solutions, fondées sur le principe de libre choix des Somaliens quant à leur avenir. Sans ingérence étrangère.