Un moment qualifiés de « diamants du sang » et interdits à la vente par le Processus de Kimberley, les diamants de Marange sont à nouveau exportés.
Attendue depuis plusieurs mois au Zimbabwe, l’autorisation de réouverture de la mine de diamants de Marange par le Processus de Kimberley est effective depuis le 1er novembre et devrait rapporter au moins deux milliards de dollars par an, selon le ministre des Mines, Obert Mpofu, proche du président Mugabe. Le stock extrait par les deux sociétés qui opéraient avant la fermeture représenterait plus de 5 milliards de dollars.
En 2008, l’armée zimbabwéenne avait occupé les deux sites de Marange, chassé les mineurs et les avait remplacés par des civils et des soldats forcés de travailler pour elle. Les affrontements avaient fait plus de 200 victimes, sans compter les brutalités et les viols. Les diamants de Marange, dont certains ont servi à financer des guerres dans la région, avaient alors été surnommés les « diamants du sang ». Une première autorisation avait été donnée en juin dernier, avec l’appui de l’Inde et de la Chine. Cette décision avait, cependant, été fortement contestée par les pays occidentaux et les organisations de défense des droits de l’Homme. Depuis, l’Union européenne a joué, selon le président du Conseil mondial du diamant (WDC), Eli Ishakoff, « un rôle déterminant » dans la conclusion de cet accord. L’autorisation a fait, au préalable, l’objet de nouvelles négociations sur certaines conditions. Une « vérification de conformité » sera désormais obligatoire et le Zimbabwe devra rendre comte de « l’identification des investisseurs, la réglementation des mines artisanales, la lutte contre le creusage illicite et le trafic illégal. » Les représentants du Processus de Kimberley au Zimbabwe pourront, également, accéder aux sites de Marange pour un « contrôle continu » conforme au système de certification. Tout le monde n’est pas d’accord avec cette autorisation, notamment Edward Cross, député du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), parti d’opposition du Premier ministre du gouvernement d’union nationale, Morgan Tsvangirai, qui pense que « l’autorisation de la vente des diamants de Marange est une erreur totale ». « J’ai la preuve que la valeur et les volumes de diamants de Marange sont sous-estimés et sont utilisés pour faire obstacle au processus démocratique au Zimbabwe », a-t-il déclaré à l’AFP, accusant indirectement Robert Mugabe et son parti de détourner les bénéfices des exportations de diamants pour financer ses campagnes électorales et les actions d’intimidation et de corruption de la population.