Avec son style unique, mélange de musiques orientale, congolaise et française, et sa voix limpide, Maya Shane fait chavirer d’émotion.
Une balade entre les rives de trois fleuves, la Seine, le Nil et le Congo… Peut-être fait-on un raccourci en le présentant ainsi, mais le deuxième album de Maya Shane démarre inopinément sur des airs de rumba pour évoluer entre arabesques saisissantes et volutes romantiques de la chanson française. Notons, au passage, l’impeccable diction du lingala, la langue véhiculaire du Congo, chez la jeune artiste. Après avoir apprécié la fraîcheur et l’originalité de Les filles d’Orient, paru il y a deux ans, Révélation est la marque évidente d’une carrière bien entamée. Parolière au verbe poétique, parfois au phrasé romanesque, compositrice inspirée et vocaliste généreuse de mélodies gracieuses, Maya réunit dans son chant les trésors et vicissitudes d’une existence vouée au partage, à la curiosité, à la connaissance.
Née à Meudon, en banlieue parisienne, d’une famille tunisienne, elle baigne vite dans la chanson arabe, avec un penchant pour les répertoires égyptien et libanais. Ses idoles sont Oum Kalsoum, Warda, Fairouz, Farid el-Atrache. Elle apprend le piano sous la tutelle de sa grand-mère, qui mettait dans sa mission rigueur et affection. Et pour cause, souligne l’artiste : « Dès mon premier cri, on savait que j’étais chanteuse. » Prédestinée Maya ? Certainement, si l’on considère que l’amour est le moteur majeur de l’art. « Je suis utopiste et je veux donner du bonheur aux gens pour qu’ils oublient leurs soucis avec mes textes simples comme des mots de cœur. Je suis un vampire d’amour, j’en ai besoin et j’ai besoin de l’exprimer. Je suis très fusionnelle, très relationnelle. »
« Deux femmes en moi »
La chanteuse brosse avec soin son portrait qui correspond peu à peu à la musique qu’elle fait, à la fois délicate et forte. Elle rappelle les facettes multiples de Belleville, le quartier de Paris où elle a grandi, carrefour de gens aux origines disparates, symbole même de la métropole pluriculturelle. « J’ai été élevée par ma grand-mère. Elle était sage et m’a appris des valeurs inébranlables. Mes racines sont profondes et, même si je suis moderne avec une personnalité très métissée, je garde un côté rétro, à l’ancienne, comme s’il y avait deux femmes en moi. »
Dans son style unique, une couleur prime, celle de l’Orient. « La musique orientale est très complexe, tantôt mélancolique, tantôt rythmée. Son orchestration est phénoménale avec la richesse des cordes, dont le violon, qui est mon instrument de prédilection. » Pas étonnant de la part de celle qui déclare avoir « une sensibilité à fleur de peau ». Et aussi à fleur de lèvres, tellement sa voix limpide et étendue rayonne d’émotions, irriguée par une joie sincère et une petite veine de nostalgie.
Révélation (www.mayashane.com). Concert le 6 juin à l’Européen, Paris 18e.