Une grande interview de l’ancien ministre français des Affaires étrangères de François Mitterrand.
Après la première guerre contre l’Irak, décidée par Bush père en 1991, et dans laquelle la France avait pris part, « la politique arabe de la France » chère à De Gaulle avait volé en éclats. Roland Dumas, alors ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, était l’un des artisans du naufrage de cette politique. N’avait-il pas déclaré, à cette époque, que « la politique arabe de la France » était une illusion ? Le voilà, alors qu’il n’est plus aux affaires, qui reproche à son successeur au Quai d’Orsay, d’avoir trahi l’héritage gaulliste.
Dans un entretien avec le quotidien Sud-Ouest, l'ex-ministre des Affaires étrangères Roland Dumas fustige Alain Juppé. Il voit en lui « un bouledogue qui réfléchit trop, jusqu'à l'erreur », et confirme une préférence pour François Hollande parmi les socialistes. Louant la « position pro-arabe pleine de prudence » adoptée par la France « depuis de Gaulle jusqu'à Chirac », M. Dumas fustige Nicolas Sarkozy qui, « en rejoignant l'Alliance atlantique, (…) a déclenché une mécanique meurtrière en Libye qui est en train de tourner à une veillée guerrière incompréhensible à l'encontre de la Syrie ».?? « Cette façon de prendre fait et cause pour cette croisade moderne est contraire aux intérêts de la France », poursuit l'ancien président du Conseil constitutionnel et ex-ministre. « Je suis très étonné de voir un homme intelligent » comme Alain Juppé soutenir cette politique, « moins quand je regarde son caractère », explique M. Dumas. D’après lui, la politique étrangère actuelle de la France risque de conduire « à l'embrasement » dans les pays arabes.
A la question de savoir si « le printemps arabe n’a pas changé la donne », l’ancien ministre qui avait, rappelons-le, conduit avec excès la première guerre du Golfe décidée par les Américains contre l’Irak en 1991, avant de le regretter, répond :
« …Que les dictatures n'aient plus lieu d'être, on ne peut être que d'accord. Mais le fait d'avoir pactisé avec elles durant des décennies nous oblige à une certaine retenue. Laissons les peuples arabes développer leur « printemps ». Et faisons attention, au nom de la protection des populations civiles, à ne pas instrumentaliser l'ONU pour choisir tel peuple, tel interlocuteur qui nous plaît. Ce n'est pas à nous d'imposer notre vision de la démocratie aux peuples arabes. C'est à eux de la faire émerger. »
Interrogé sur le PS, Roland Dumas estime que « les socialistes produisent actuellement un bafouillis d'où rien n'émerge. Ce sont des bavards qui mettent tout sur le même plan ». « Un grand vide a été laissé par Dominique Strauss-Kahn qui, pourtant, « n'était pas l'homme qui convenait. Son étalage de richesse, ses relations, sa façon… DSK était un affairiste libéral », assure M. Dumas.
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