Le limogeage du ministre des Affaires étrangères iranien, Manouthehr Mottaki, par Ahmadinejad, le 13 décembre, est significatif d’un grand malaise au sein du pouvoir.
La brutalité de ce limogeage, alors que Mottaki se trouvait au Sénégal pour donner des explications sur les trafics d’armes iraniennes en Afrique destinées à des rebelles du Casamance, a été frappante. À tel point que les Sénégalais, qui se sont dits insatisfait des explications iraniennes ont rappelé leur ambassadeur de Téhéran.
« Limoger un ministre alors qu'il se trouve en mission viole les règles de l'islam et de la diplomatie, c'est offensant et contraire aux pratiques de la politique », a déclaré Mottaki, qui a été remplacé provisoirement par le chef du programme nucléaire Ali Akbar Salehi.
Le président conservateur du parlement iranien, Ali Larijani, qui a multiplié les critiques contre Ahmadinejad, a déploré l’éviction de Mottaki : « Cela a donné lieu à des interprétations inappropriées sur la situation du pays », a-t-il dit.
Il est clair que ce limogeage pour le moins précipité témoigne de l’affaiblissement du Guide suprême qui n’arrive plus à recoller les morceaux de son propre clan rongé par les divergences personnelles. On rapporte à Téhéran que Mottaki avait été vivement critiqué pour n’avoir pas pu éviter le retrait de l’Organisation des moudjahidine du peuple de la liste noire européenne. Il paye également l’application des sanctions internationales suite aux échecs des négociations sur le programme nucléaire.
Ce limogeage marque aussi la fin d’une image internationale forte du régime. Les révélations de Wikileaks ont démontré l’extrême isolement diplomatique du régime iranien, alors que le pouvoir s’est toujours vanté d’être respecté par le monde entier !