A la fin du xxe siècle, la faillite des États, avec son cortège de dévaluations monétaires, de hausses vertigineuses des prix, de chômage massif, d’émeutes de la faim et de rééchelonnement de la dette publique était l’apanage du Sud, tandis que la faillite d’un État du Nord relevait de la chimère.La Grèce, retenue au bord du gouffre par des injections massives de capitaux européens, est en train de vivre la même descente aux enfers que des pays du Sud, entraînés dans les années 1980 dans la spirale de l’endettement facile. Signe des temps nouveaux : alors que d’autres membres de l’Union européenne sont sur la liste des « pays vulnérables » à la spéculation effrénée, irrationnelle, des marchés – Espagne, Portugal, France… –, la Corée du Sud, la Malaisie, l’Indonésie présentent le profil rassurant d'économie qui ont réussi un retournement spectaculaire en épongeant leurs dettes et en assainissant leurs finances après la crise dévastatrice de 1997-1998. La vertu économique viendrait-elle du Sud ?
Histoire et histoires
Une suite d’histoires ne fait pas l’Histoire. L’anecdote reste le pire ennemi de l’Histoire, qui est une suite d’événements recueillis sans discrimination ni préjugés, replacés dans leur contexte en dehors de tout anachronisme, poison des historiens, analysés sans haine ni passion, ni esprit de vengeance. Dès que les politiques s’en mêlent, c’est la pollution assurée. Le souci de vérité se dissout dans la tentation de régler des comptes. La guerre d’indépendance algérienne est prise en otage ces jours-ci des deux côtés de la Méditerranée par des politiciens d’obédiences diverses. Les historiens, à leur grand désarroi, assistent en spectateurs à une instrumentation qui ne fera que compliquer leur tâche lorsque les rideaux de fumée se seront dissipés et que le temps de l’Histoire chassera celui des histoires.
Peur
Nous sommes entrés dans le xxie siècle par la grande porte de la peur. Tous ceux qui communiquent s’acharnent à nous faire peur. Après le terrorisme, le réchauffement climatique et la crise financière. On en a froid dans le dos. Même les médias qui cultivaient naguère l’optimisme béat sont devenus un terrain de jeux pour les Cassandre. La littérature de la peur marche bien en effet. Mais l’humanité serait-elle à ce point malade, au bord de l’agonie ? Le compte à rebours de la fin du monde a-t-il sonné ? Ou s’agit-il de nous contraindre par la peur, afin de nous asservir un peu plus aux logiques dominantes ?