Avec la nouvelle Chambre des représentants à majorité républicaine et le Sénat aux mains des démocrates, la loi de finances a fait l’objet d’une longue impasse avant d’être ratifiée à la Chambre par 335 voix contre 91 le 1er mars, une action suivie quelques jours plus tard par un accord préservant de tout « shutdown » (fermeture des services de l’administration) pour… deux semaines (jusqu’au 18 mars). Ce vote prévoit 4 milliards de dollars de coupes budgétaires, visant surtout des programmes que Barack Obama avait déjà accepté d’éliminer. Le 17 mars, le président signait un deuxième budget provisoire censé maintenir les fonds gouvernementaux pendant encore trois semaines (jusqu’au 8 avril) – une loi a minima pour tenir quelque temps au prix de 6 milliards de dollars de coupes dans le budget national… sans aucun signe d’accord pour l’avenir.
Pour Obama, les priorités étaient les investissements (ou, comme dit le GOP, les « dépenses ») sur l’éducation, l’énergie, les infrastructures et les innovations. Les républicains de la Chambre n’étaient pas fixés sur des programmes spécifiques (sauf la réforme de la santé ou les impôts des classes supérieures),leur intérêt étant surtout de voir combien les coupes pouvaient être importantes.Une longue liste absurde visant à garantir de bonnes conditions pour les déjà privilégiés.
En fait, le gouvernement fédéral américain a connu plus d’une douzaine de shutdowns depuis 1981. Certains n’ont duré que quelques heures et le peuple se rappelle de peu d’entre eux. Exception faite du shutdown partiel en 1995 et 1996. À cette époque, comme maintenant, un président démocrate (Bill Clinton) était confronté à une Chambre républicaine récemment élue. Comme aujourd’hui, le Congrès n’a pas cherché ou trouvé les fonds nécessaires pour que le gouvernement puisse durer une année fiscale ; des agences fédérales dépendaient une série de « résolutions permanentes » pour pouvoir continuer à agir pendant que les législateurs poursuivaient leurs luttes. Quand Clinton, fin 1995, a utilisé son veto contre un budget républicain (selon lui insuffisant pour la santé, l’éducation et d’autres programmes), divers services du gouvernement se sont fermés pour six jours. Suite à une brève trêve, les deux groupes reprirent le conflit. Des centaines de milliers d’employés fédéraux « non essentiels » furent sanctionnés pendant trois semaines. Des parcs nationaux, des musées, des bureaux administratifs et d’autres agences furent fermés. Chaque groupe blâmait l’autre, mais l’opinion publique accorda sa confiance à Clinton et aux démocrates. Les amis du président de la Chambre des représentants (le républicain Newt Gingrich) ont dit que c’était la plus grande bêtise de sa carrière. Des législateurs républicains juraient : « Jamais plus ». Aujourd’hui, les initiés de Washington ne savent pas si un shutdown se « jouera » comme celui-là. À voir.
Aujourd’hui, il n’y a pas de doute, les budgets (local et fédéral) posent problème. Le grand mensonge : celui du blâme des dépenses excessives. Les budgets publics sont difficiles à établir parce que les revenus ont chuté au cours des deux dernières années de grande dépression… et à cause des largesses fiscales accordées aux plus riches. Le problème n’est pas qu’on a trop dépensé, mais tient au fait que la plupart des Américains ont reçu une partie de plus en plus petite du revenu national. En cause : les énormes frais engendrés par les guerres, dont celle menée en Afghanistan qui dure maintenant depuis neuf années.