Le vice-président de George Bush publie ses mémoires : une anthologie d’autosatisfaction
En accord avec la (récente) tradition américaine qui veut que dès qu’un haut fonctionnaire quitte le pouvoir, il écrit ses mémoires, c’est maintenant le tour de Dick Cheney, ancien vice-président de George W. Bush, souvent appelé « le Vice » (avec raison). Homme le plus puissant à ce poste dans l’histoire des Etats-Unis, il vient de sortir son livre, In My Time, où il se plaint d’avoir eu un pouvoir limité ! De la part de l’homme aux pieds desquels on peut mettre d’innombrables crimes commis au nom de son pays : la torture (y compris le Waterboarding qu’il a défendu jusqu’au bout), le défi à la Convention de Genève, l’espionnage domestique, l’implication américaine dans plusieurs guerres qui perdurent de nos jours, avec leur coût en vies et en argent, c’est un comble. Exemple de son autosatisfaction : « la libération de l’Irak » a été « l’une des réalisations les plus significatives de la présidence de George Bush ». Peu importe que l’on n’ait jamais trouvé les armes de destruction massive citées comme principale cause de l’invasion ou cette occupation si mal conçue qu’elle a permis à l’insurrection de se métastaser pendant des années. Pour M. Cheney, « Guantanamo est un endroit modèle – sûr et humain, comme l’a été le programme de la CIA dénommé « Enhanced Interrogation techniques ». Pour l’ouragan Katrina, le président Bush a « « personnellement » consacré « des centaines d’heures pour assurer une réponse fédérale adéquate mais aussi pour toucher le peuple, qui avait besoin de savoir que leur gouvernement pensait à eux ».
Ce livre oscille entre le désir de démontrer qu’il a toujours eu raison et celui de tirer sur ses anciens opposants qui ont toujours eu tort. Comme l’a commenté la journaliste du New York Times, Maureen Smith : « Ayant perdu le pouvoir de bombarder les pays du monde , il s’intéresse à « bombarder » de la même façon ses anciens collègues : Colin Powell, George Tenet, Condoleezza Rice et, oui, il a parfois du mépris pour son « patron », l’ex-président GW ainsi que le pour Président actuel, Barack Obama (dont la plus grande faute à ses yeux est d’avoir trouvé Oussama Ben Laden, exploit qu’il n’a pas pu réaliser). Aux yeux de Cheney, il incarne lui-même, et il incarnait, l’Amérique.
Peu avant la sortie de ses mémoires, il annonçait que ce livre allait faire « exploser des têtes partout à Washington ». En effet, ses premiers lecteurs disent que c’est ennuyeux. A vous de décider – certainement que d’ici peu, il sera traduit dans plusieurs langues.