Alors que les Etats-Unis prennent des sanctions unilatérales contre le régime syrien, ce dernier continue à recevoir le soutien de la Russie.
Depuis que l’Otan s’est substituée à l’ONU pour bombarder la Libye en vue de provoquer la chute du régime Kadhafi et non la protection des civils désarmés, Moscou ne décolère pas.
Après Poutine, qui a accusé l’organisation atlantique de mener une croisade contre les pays musulmans, critiquant même le président russe Dmitri Medvedev qui n’aurait pas dit à son représentant au Conseil de sécurité d’apposer son veto, voilà que ce dernier monte au créneau pour stigmatiser le bellicisme occidental à propos de la Syrie. Il l’a déclaré ce mercredi 18 mai devant 800 journalistes, lors de sa première conférence de presse de cette ampleur depuis son arrivée au Kremlin en 2008.?Il n’est pas question, pour lui, d’approuver l'adoption d'une résolution à l'ONU autorisant le recours à la force en Syrie, car la coalition occidentale ne respecterait pas les décisions du Conseil de sécurité au sujet de la Libye.?? M. Medvedev a expliqué qu'il s'opposerait à un tel texte, car la résolution 1973 autorisant le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi ainsi que la précédente, condamnant la répression en Libye, ont été piétinées par les Occidentaux.??Le président russe n'a pas indiqué cependant s'il soutiendrait une éventuelle résolution au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression de manifestations d'opposition en Syrie.?Le président al-Assad a annoncé des réformes. Il faut faire en sorte que ces réformes soient effectives, et non pas essayer de faire pression avec des résolutions car, en règle générale, ça n'apporte rien, a estimé M. Medvedev.??
Face à ce refus russe, mais aussi chinois, d’autoriser quoi que ce soit contre la Syrie, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux se contentent de prendre des sanctions unilatérales contre le régime de Bachar al-Assad. Les États-Unis ont ainsi sanctionné mercredi 18 mai le président syrien et six hauts responsables du régime pour leur rôle dans la répression.
Les sanctions concernent des piliers de l'exécutif de Damas, le vice-président Farouk al-Shara, le premier ministre Adel Safar, le ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim al-Shaar, le ministre de la Défense Ali Habib Mahmoud, le chef des renseignements militaires Abdul Fatah Qudsiya, et le « directeur de la sécurité politique » Mohammed Dib Zaitoun. Les sanctions vont du gel des avoirs détenus aux États-Unis à l'interdiction aux Américains de faire des affaires avec eux. C'est la première fois que l'administration américaine cible directement le président syrien depuis le début de la crise.
L'ordre, signé par le président Barack Obama, est une mesure décisive qui vise à « accroître la pression sur le gouvernement syrien afin qu'il cesse la violence contre son peuple et entame la transition vers un système démocratique », précise un communiqué de la diplomatie américaine et du département du Trésor.
Le président Obama avait imposé le 29 avril une première série de sanctions contre plusieurs responsables du régime syrien, dont le frère cadet du président Assad, Maher. Dans le même temps, le président syrien assurait que la crise était « en passe d'être terminée ».
Les forces de sécurité ont commis des erreurs lors des manifestations, dont la répression a fait plus de 850 morts en deux mois, estime le président Bachar al-Assad, selon des propos rapportés mercredi 18 mai par le quotidien Al-Watan. Des erreurs qui seraient attribuables, entre autres, à une formation insuffisante au sein de la police.