La banque spécialiste du microcrédit accordé au personnes les plus défavorisées semble victime de son succès.
Au Bengladesh, la célèbre banque de microcrédit pionnière en la matière, créée par le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus, est accusée par une enquête gouvernementale de violer les règles de sa Charte en créant des filiales rentables grâce à des transferts depuis la Grameen, sans en faire bénéficier les petits actionnaires. Selon les enquêteurs, la Charte ne permet pas ce type d’opérations. En mars 2011, Muhammad Yunus a été débarqué de son poste de directeur de la Grameen par la Banque centrale du Bengladesh pour limite d’âge largement dépassée et ce, malgré plusieurs actions en justice. Le fondateur de la « banque des pauvres » accuse le gouvernement du Bengladesh de vouloir faire main basse sur la Grameen. En décembre 2010, dans un documentaire diffusé par la télévision norvégienne, Muhammad Yunus avait déjà été accusé d’avoir détourné 96 millions de dollars d’aide au bénéfice d’une autre société du groupe, la Grameen Kalyan. C’est l’ambassade norvégienne au Bengladesh, par qui avait transité cette aide, qui avait diligenté une enquête. Muhammad Yunus avait alors déclaré qu’il s’agissait d’un malentendu, que l’argent avait été utilisé pour des projets sociaux et il avait remboursé une partie de la somme.
Depuis plusieurs années, Muhammat Yunus est en conflit avec le Premier ministre Sheikh Hasina qui l’accuse de “sucer le sang des pauvres”. Ce qui est certain, c’est que la Grameen Bank qui a des projets de développement en Europe, en Grande Bretagne notamment, est devenue, au Bengladesh, un empire dans l’empire bancaire et que, quelle que soit sa gestion, elle dérange et ne peut qu’attirer les prédateurs.