Robert Zoellick préconise un retour renforcé aux plans d’ajustement structurels des années 1990, ceux qui avaient mis les pays à genoux…
Le salut des pays arabes réside dans l’adhésion à la mondialisation et l’ouverture encore plus accusée de leurs marchés à la concurrence internationale dans tous les domaines : c’est le clair message du président de la Banque Mondiale Robert Zoellick – ancien négociateur américain des accords de libéralisation du commerce international – aux dirigeants arabes d’après les révolte.
Il préconise le retour aux thérapies de choc imposées aux pays du Sud par le Font Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale dans les années 1990 sous le label de l’ajustement structurel, qui les ont mis à genoux. Il faut même, selon lui, aller plus avant dans la libéralisation des marchés du travail, au nom de la flexibilité, et appliquer avec plus de rigueur la « vérité des prix » sur la consommation populaire, au risque d’en exclure des pans entiers de la population.
Pour Zoellick en effet, toute politique sociale est une entrave à la croissance capitaliste. Il souligne que les dirigeants arabes d’avant les révoltes au lieu de s’attaquer au chômage l’ont masqué en combinant la « repression politique, la création d’emplois dans le secteur public et la multiplication des subventions sur l’alimentation, les carburants et d’autres biens de premières nécessité.. Ces mesures ont acheté du temps, mais pas grand-chose d’autre. Coûteuses et inefficaces, elles ont nourri le népotisme et pas les besoins, le clientélisme et pas la compétitivité, la corruption et pas le capitalisme ». Cette ordonnance ultra-libérale donne pour exemple à suivre par les nouveaux dirigeants arabes, le Vietnam qui a, selon lui, sur prendre des initiatives et saisir des opportunités, et pour contre-exemple, l’Algérie, qui vient précisément de tirer les leçons des prescriptions du FMI et de la Banque Mondiale en redéfinissant les régles du jeu concernant l’investissement étranger et en redonnant à l’Etat un rôle de régulation plus affirmé de l’économoe nationale dans un contexte de crise financière aigüe.
Au passage, Robert Zoellick approche avec des pincettes la démocratisation des institutions arabes qui sera induite par la révolte de ses peuples. « Rendre les institutions légitimes et donner du pouvoir aux citoyens peut faire une grande différence. Mais les citoyens ont encore besoin d’emplois et que les emplois vont être rares à court terme, tandis que la politique fleurira ». On aurait pu s’attendre à une soutien plus affirmé du président de la Banque Mondiale au processus de démocratisation des pays arabes longtemps réputés inaptes à la démocratie. Mais pour un banquier – fut-il mondial – la rentabilité financière passe avant tout. C’est sans doute l’amère leçon que la « rue » arabe en ébullution devra retenir de la politique de la Banque Mondiale pour affronter les tâches économiques de l’après-révolte. Elle ne devra compter que sur ses propres forces.