L’Egypte a interrompu samedi 5 février ses livraisons de gaz à Israël à la suite d’une action d’origine indéterminée qui a endommagé l’ouvrage près d’El Arish, au nord de la péninsule du Sinaï.
"Des terroristes ont profité de l'instabilité sécuritaire dans le pays pour faire sauter le gazoduc", a indiqué la radio égyptienne. L’action n’a pas été revendiquée. Le gazoduc avait fait l’objet de menaces répétées, notamment en juin dernier, suscitant les inquiétudes d’Israël. Les approvisionnements en gaz naturel en provenance de l'Egypte représentant 40% de ses besoins.
Ignorant les critiques d’une majorité de l’opinion égyptienne refusant la « normalisation » des rapports économiques entre les deux pays après leur accord de paix de 1979, le Caire, pressé par les Etats-Unis, avait consenti en 2008 à livrer du gaz extrait du Sinaï à Israël. Il a refusé d'appliquer une décision du tribunal administratif égyptien ordonnant l’arrêt immédiatement des livraisons. Le tribunal estimait que les « ressources nationales appartiennent aux générations actuelles et futures" et que "l’exécutif doit obtenir d’abord l’approbation du parlement pour les exportations de gaz ». Le contrat porte sur 1,7 milliard de M3 par an pendant quinze ans, à un prix si avantageux qu’il a fait dire à des opposants que l’accord revenait à faire subventionner par l’Egypte la production électrique israélienne.
Pour contourner les critiques de l’opposition, l’Egypte a prétendu qu’il s’agissait d’une transaction conclue entre deux entités privées entre la société de gaz de la Méditerranée orientale (EMG) basée au Caire, et la société israélienne publique d’électricité (IEC). EMG est détenu à 53% par l’Egyptien Hussain K. Salem et à 25 % par l'Israélien Yosef Maiman.
Selon le livre « October Surprise », Hussain K. Salem est l’agent de renseignement qui organisa à la demande du président Bush père la « filière égyptienne » visant à retarder la libération des otages américains à Téhéran pour qu’elle ne profite pas au président Jimmy Carter, candidat à un second mandat présidentiel contre Ronald Reagan. La filière fut ensuite utilisée pour les trafics d’armes dans l’affaire Iran-Contras. Yosef Maiman, proche du président israélien Shimon Peres, est un agent de renseignement israélien qui organisa les réseaux du Mossad en Amérique latine. ,