Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui semble lâché par son allié américain et les monarchies du Golfe, persiste et signe
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui semble lâché par son allié américain et les monarchies du Golfe, persiste et signe : il ne démissionnera pas sous la pression de la rue et encore moins des anciens alliés du Golfe. Il n’hésite pas à dénoncer les « ingérences et les complots » étrangers. Il ne partira pas du pouvoir sous la pression des manifestants mais à l’issue d’élections parlementaires et présidentielle auxquelles il ne participera pas et qui seraient organisées avant la fin de l’année en cours.
Selon le quotidien américain le Wall Street Journal, proche des milieux d’affaires, les Etats-Unis font savoir au président Ali Abdallah Saleh qu’ils sont désormais en faveur de son départ. Et pour montrer le sérieux de leur démarche, ils ont gelé la majeure partie de leur plan d’aide au Yémen.
« Le premier acompte de ce plan d’aide, d’un montant potentiel d’un milliard de dollars sur plusieurs années, devait être débloqué en février, traduisant la plus importante tentative de la Maison Blanche pour s’assurer le soutien du président Ali Abdallah Saleh dans la lutte contre Al-Qaida dans la péninsule Arabique », écrit le quotidien.
Citant des responsables américains, le journal précise que ce plan prévoyait 200 millions de dollars au titre du soutien à la lutte contre le terrorisme pour l’année fiscale 2011, contre 155 millions de dollars accordés pour l’année 2010. Un montant équivalent devait être versé au titre de l’aide au développement.
Washington tente d’intensifier ses pressions sur le président afin de le contraindre à trouver un terrain d’entente avec l’opposition.
Un responsable de l’administration Obama a indiqué la semaine passée, selon ce quotidien, qu’Al-Qaida ainsi que d’autres groupes d’activistes tentent d’exploiter les troubles politiques dans ce pays, le plus pauvre de la région. Les monarchies arabes du Golfe, dont aucune n’est dotée d’un semblant d’un régime démocratique, se sont jointes aux pressions américaines pour demander le départ d’Ali Abdallah Saleh.
Et comme toujours dans ce cas de figure, c’est le Qatar, par la bouche de son Premier ministre, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani qui s’est porté volontaire pour transmettre le message, publiquement au président yéménite.
Abandonné par une partie de l’armée et des chefs tribaux et religieux, M. Saleh fait face à une pression croissante. Mais il peut toujours compter sur son parti, les principales tribus, les forces armées et les appareils de sécurité.
Le lâchage américain et occidental n’est pas encore très tranché. Si tout le monde s’accorde sur l’inéluctabilité du départ de Saleh, il y a une vraie divergence sur le timing et la manière. C’est dans ce sens qu’il faudra lire la demande américaine pour « un changement politique digne à court terme de façon ordonnée et pacifique » et celle de Londres préconisant « un processus global de transition politique ». Un départ précipité et chaotique ouvrirait en effet une boite de Pandore dans une région stratégique d’où pourrait sortir les démons de l’intégrisme et du terrorisme.