Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Balmokhtar, les deux émirs d’AQMI les plus sanguinaires, dont les deux itinéraires sont très différents, s’affrontent dans une lutte d’influence sans merci.
Le rapt et l’assassinat de deux otages français, enlevés le 7 janvier 2011 à Niamey, a déclenché une guerre des ego entre les deux principaux « émirs » d’AQMI au Sahel : Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, tous deux s’employant à marquer leur territoire. Abou Zeid a à son palmarès l’égorgement, en juin 2009, d’un touriste anglais, Edwin Dyer et du français Michel Germaneau. Agé de 44 ans, originaire de Touggourt, dans le sud algérien, Abou Zeid a basculé dans le terrorisme après l’interdiction du Front Islamique du Salut (FIS) en 1991 en Algérie. En 2006, il s’est rallié au chef d’AQMI, Abdelmalek Droukdal, dit Abou Mossaab. Depuis deux ans, à la tête de la katiba Tarek Ibn Zyad (200 hommes environ), il a étendu son champ d’action en kidnappant des touristes dans le sud tunisien et en ouvrant le « front » du Niger. L’enlèvement de cinq techniciens français et de deux Africains sur le site d’Areva au Niger lui a permis d’acquérir une notoriété internationale en confiant, de façon inhabituelle, le sort de ses otages à Oussama Ben Laden, chef d’Al Qaida. C’est cette célébrité, lourde de menaces pour le commandement et le fructueux business de Belmokhar que celui-ci a voulu briser dans l’oeuf en envoyant ses hommes enlever les deux Français à Niamey, au cours d’une opération très risquée. Celui-ci, plus âgé, vient des groupes djihadistes d’Afghanistan mobilisés par Ben Laden contre l’armée soviétique, ce qui lui donne à ses yeux une plus grande légitimité que son rival. Il est par ailleurs allié à de puissants chefs tribaux touaregs dans la région, lesquels se livrent en son nom à toutes sortes de trafics lui permettant de s'approvisionner en armes et en munitions.