Le nouveau gouvernement, mis en place sous l’égide du maréchal Tantaoui, président du Conseil supérieur des forces armées égyptiennes, remplace les anciens caciques de l’ère Moubarak par de nouveaux ministres, plus consensuels.
Les trois derniers ministres représentants de l’ère Moubarak ont été évincés du gouvernement que doit annoncer officiellement le nouveau Premier ministre Issam Charaf, après son approbation par le maréchal Hussein Tantaoui, président du Conseil supérieur des forces armées (CSFA) égyptiennes.
Nabil El Arabi, 75 ans, qui s’était démarqué des accords de paix israélo-égyptiens signés en 1979 par le président Anouar el Sadate, remplacera aux Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheith, qui oeuvrait depuis sa nomination en 2004 en faveur d’une « normalisation » des relations entre l’Egypte et Israël. M. El Arabi, spécialiste de droit international, a été magistrat à la Cour internationale de La Haye.
Le nouveau ministre de l’Intérieur, le général Mansour Essaoui, remplace le général Mahmoud Wagdi, qui avait été nommé par Hosni Moubarak une dizaine de jours avant sa démission sous la pression populaire, en remplacement du très impopulaire Habib el-Adli, qui avait tenu le ministère d’une main de fer pendant treize ans. Il doit être jugé pour malversations financières, blanchiment d'argent et pour avoir aussi ordonné le retrait de la police les premiers jours de l’insurrection afin de tirer profit du chaos ainsi créé.
M. Essaoui s’est engagé, dans une déclaration à l'agence officielle Mena, à "déployer tous ses efforts lors de la période à venir afin de rétablir la sécurité et la stabilité dans la rue égyptienne". Samedi, des bâtiments de la sécurité d'Etat ont été pris d'assaut à travers l'Egypte par des militants à la recherche des dossiers établis sur la population et d'éventuelles preuves d'abus commis par ce puissant appareil dépendant du ministère de l'Intérieur, dont ils exigent la dissolution.
Enfin, le nouveau ministre de la Justice Mohamed al Guindi, a promis de combattre la corruption et de garantir le bon déroulement des scrutins législatif et présidentiel, conformément au rôle assigné à la justice par les réformes constitutionnelles que le CSFA soumettra le 19 mars à référendum.
Le maréchal Tantaoui, ancien ministre de la Défense, s'est donné six mois pour remettre le pouvoir à un président et un parlement élus librement.
Issam Charaf, professeur de génie civil à l’université du Caire, qui avait été proposé à la tête du gouvernement de transition par les jeunes manifestants de la Place Tahrir, avait conduit lui-même une manifestation devant l’Assemblée nationale exigeant le départ de Hosni Moubarak.
Il remplace le général d’aviation Ahmed Chafik, nommé par Moubarak dans les jours qui ont précédé son départ du pouvoir, le 11 février. M. Chafik a dû démissionner sous la pression des jeunes de la Place Tahrir.