Les représentants diplomatiques de la Libye en poste partout dans le monde démissionnent les uns après les autres, pour protester contre l’usage de la violence dans leur pays.
Le "Guide de la Révolution" libyenne, le colonel Mouammar Kadhafi, est toujours en Libye. Il a fait une brève apparition dans la nuit de lundi 21 à mardi 22 février, un grand parapluie à la main. Il parlé à peine 22 secondes pour expliquer que c’est la pluie qui l’avait empêché d’aller parler directement à ses partisans, avant de s’éclipser. Ces images surréalistes d’un pays à feu et à sang ont été montrées par la télévision publique libyenne.
Kadhafi, dont la dernière apparition publique remontait à la nuit de vendredi 18 à samedi 20, juché sur une limousine, au milieu de ses partisans, sur une place publique de Tripoli, voulait ainsi démentir une déclaration du chef de la diplomatie britannique William Hague, qui avait indiqué un peu plus tôt dans la soirée qu'il avait eu « vent d’informations » selon lesquelles le colonel Mouammar Kadhafi serait en fuite, en « route vers le Vénézuela ». « Je suis là, je ne me suis pas enfui au Vénézuela. N’écoutez pas les télévisions étrangères. Ce sont des chiens », a-t-il dit.
L’information sur sa fuite présumée avait été démentie par Caracas et qualifié de « rumeur infondée » par Catherine Ashton, responsable des Affaires étrangères de l’Union européenne. Peu après, on apprenait par ailleurs que les deux hélicoptères militaires libyens qui avaient atterri à Malte sans en avoir demandé l'autorisation préalable, transportaient des officiers de l'armée de l'air qui avaient refusé de tirer sur les manifestants. Des image des pilotes quittant les deux appareils ont été diffusées par les télévisions Al jazeera et Al Arabya.
Outre le représentant de la Libye à la Ligue arabe, Abdel Moneim Al Houni, l’ambassadeur de Libye en Inde, le représentant à l'ONU et celui auprès de l'Union européenne à Bruxelles, d’autres diplomates ont démissionné pour protester contre la répression. Le ministre de la Justice et des responsables militaires en auraient fait autant, indiquent Al Jazeera et Al Arabya.
Le dernier bilan de 400 morts depuis mardi, donné par les associations de défense des droits de l'Homme, s’est alourdi de plusieurs dizaines d’autres tués dans la soirée et la nuit de lundi 21 février.
Des avions de l’armée de l’air auraient mitraillé des protestataires à Tripoli. "La mort est partout", a indiqué un résident de Tripoli, joint par une télévision étrangère, malgré l'interruption des lignes téléphoniques et le blocage d'internet par les autorités. Ce témoin a indiqué que la capitale était encerclée par des “mercenaires” qui “faisaient des cartons sur les civils”.
Plusieurs pays étrangers ont demandé à leurs ressortissants de quitter la Libye. Des entreprises étrangères ont également commencé à rapatrier leurs employés.