Les Etats-Unis seront responsables des exactions commises à l’encontre des réfugiés d’Achraf, si ceux-ci sont déplacés hors de leur camp.
Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, est arrivé à Washington à l’approche de l’ultimatum arbitraire fixé par Bagdad pour la fermeture du Camp d’Achraf. Cette décision illégale et inhumaine intervient alors que les résidents du camp, qui y vivent depuis 25 ans en tant que réfugiés ayant dû quitter leur pays pour résister à la tyrannie, ont malgré tout choisi, en août dernier, de remettre au Haut Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés leurs demandes individuelles d’asile politique. Déclarant ces demandes recevables en septembre, cette instance de l’ONU a reconnu leur statut de « demandeurs d’asile » et, à ce titre, de bénéficiaires de toutes les garanties et protections prévues par les lois internationales. Il a demandé au gouvernement irakien de repousser la date butoir fixé au 31 décembre 2011 pour avoir le temps nécessaire pour le processus d’identification, les entretiens individuels et la confirmation de leur statut de réfugiés afin de faciliter leur transfert vers des pays tiers.
Malgré ces démarches, Maliki insiste toujours, à la demande du régime iranien, pour déplacer les résidents à l’intérieur de l’Irak. Ainsi, ces derniers ont affirmé pouvoir accepter ce déplacement uniquement si leur protection était assurée par les forces américaines ou les casques bleus des Nations-Unies. L’expérience montre que Maliki ne respecte aucunement ses propres engagements, comme en 2009 lorsque les Etats-Unis ont transféré le contrôle et la responsabilité de la protection du Camp d’Achraf au gouvernement irakien de plus en plus sous l’influence du régime iranien. Depuis, les forces armées de Maliki ont pris d’assaut le camp à plusieurs reprises, les plus graves étant deux attaques particulièrement meurtrières en juillet 2009 et en avril 2011, faisant au total 47 morts et plus d’un millier de blessés. Durant cette période, douze résidents ont succombé à leurs blessures ou sont morts de maladies graves non soignées en raison du blocus médical imposé par les autorités irakiennes. Avant de transférer le contrôle du camp à ces dernières en 2009, les Etats-Unis ont déclaré avoir obtenu un engagement écrit du gouvernement irakien pour le respect des droits des résidents d’Ashraf. Ainsi, ce qu’ont fait les Irakiens par la suite ne peut être qualifié que de crime contre l’humanité.
Depuis trois mois, le gouvernement irakien ne cesse d’entraver le travail et les efforts des Nations-Unies en vue de la confirmation du statut de réfugiés des résidents d’Ashraf, faisant peu de cas des demandes de la communauté internationale à cet effet, notamment celles du HCR et du représentant spécial du Secrétaire général Ban Ki-Moon, l’appelant à repousser son ultimatum. Et cela, alors que dans son rapport périodique sur l’Irak au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce dernier précise que toute solution pour le Camp d’Ashraf devrait être acceptable par les deux parties. Or la demande prioritaire de la communauté internationale et des résident d’Ashraf n’est autre que de repousser l’ultimatum pour la fermeture du camp donnant ainsi au HCR le temps nécessaire pour préparer la relocation des résidents dans des pays tiers. Les gouvernements néerlandais, canadien, belge et britannique ont formellement demandé au gouvernement irakien de repousser la date butoir.
Dans ces conditions et alors qu’un grave danger menace les résidents d’Achraf à l’approche de la fin de l’année, il est impératif que le Président Obama use de toute son influence sur Nouri al-Maliki, son gouvernement, et agir au sein de l’ONU pour empêcher le déplacement forcé des résidents à l’intérieur de l’Irak et assurer leur protection par les forces des Nations-Unies, annuler ou repousser l’ultimatum. A cette fin, les Etats-Unis, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, devront garantir la protection effective des résidents en organisant le déploiement des casques bleus ou des troupes américaines à l’intérieur du camp pour protéger les vies humaines. Il s’agit d’une responsabilité par engagement contractuel mais surtout moral pour le Président des Etats-Unis et son administration s’ils veulent éviter de devoir rendre compte du sang versé par Maliki.