Les opposants qui se sont rassemblés en Turquie espèrent obtenir un statut reconnu par la communauté internationale.
Après un long silence intriguant, qui a laissé libre court à de nombreuses spéculations sur des divisions au sommet de pouvoir et sur une éventuelle victoire des « éradicateurs » au sein de la hiérarchie militaire et du clan familial, le président syrien Bachar Al-Assad va prononcer ce lundi 20 juin un discours sur les derniers développements en Syrie. D'après l'agence officielle syrienne Sana, Bachar Al-Assad «va prononcer un discours demain (lundi) vers midi (09H00 GMT)» sans donner plus de précisions. Il est fort probable que le chef de l’Etat va alterner dans ce discours très attendu le bâton et la carotte. D’un côté il va donner sa version des affrontements sanglants entre les forces de sécurité et de l’armée contre des « terroristes » et des « agents de l’étranger », reprenant ainsi à son compte le discours médiatique officiel. De l’autre, il va annoncer une série de réformes concernant le futur rôle du Baas dans la vie politique, le multipartisme, l’ouverture de l’espace médiatique et la séparation des pouvoirs. Selon les observateurs, c’est le discours de la dernière chance : soit il parvient à convaincre, soit il va déclencher un mouvement de rejet massif qui s’avèrerait fatal pour le régime.
Ce discours, le troisième depuis le déclenchement du soulèvement, intervient alors que l’opposition, majoritairement basée à l’étranger, venait de former, à l’instar de la rébellion libyenne, un «Conseil national» pour «faire chuter» le régime de Damas. «Nous annonçons la création d'un Conseil national pour animer et diriger la révolution syrienne, composé de toutes les communautés, et des représentants des forces politiques nationales à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie», a déclaré à la presse un groupe d'opposants dans un lieu non identifié, à l’extérieur de la Syrie, en Turquie. Ce groupe d'opposants, non représentatif de l’ensemble des forces hostiles au régime, proche des Frères musulmans et des Etats-Unis, appelle à «coopérer dans toutes les villes et provinces de Syrie pour réaliser le but légitime de faire chuter le régime et le traduire en justice».
Leur porte-parole, Jamil Saïb, a affirmé que ce conseil regroupe des opposants connus, notamment Abdallah Trad al Moulahim, qui est solidaire des opposants syriens réunis début juin à Antalya, en Turquie, Mamoun al-Homsi, Cheikh Khaled al-Khalaf, Haitham el-Maleh, Souhair al-Atassi et Aref Dalila, ces trois derniers étant en Syrie.
Jamil Saïb a précisé que «le but de ce conseil est de rassembler les forces d'opposition pour soutenir la révolution et se faire entendre auprès des organisations internationales» comme le font les opposants au régime de Kadhafi, en Libye.
A en croire ces opposants au régime Al-Assad, ce «Conseil national» a été créé «au nom de la jeunesse révolutionnaire libre syrienne et au vu des crimes commis par le régime contre la population civile soumise à l'oppression». Ce, alors qu'elle «s'opposait par des manifestations pacifiques, et face au silence du monde arabe et de la communauté internationale», ont précisé les membres de ce groupe d'opposants.
Le 30 mars, dans sa première intervention publique, M. Assad avait dénoncé devant le Parlement une « conspiration » contre son pays et n’avait annoncé aucune réforme de libéralisation, provoquant la déception des militants pro-démocratie qui ont annoncé la poursuite des manifestations.?Deux semaines plus tard, le 16 avril, il avait annoncé la prochaine abrogation de la loi d’urgence et exprimé ses "regrets" pour les victimes.?Et une semaine après, M. Assad, avait promulgué trois décrets, levant l’état d’urgence en vigueur depuis 48 ans, abolissant la Cour de sûreté de l’Etat, une juridiction d’exception, et changeant la réglementation sur les manifestations.?Mais là aussi les opposants, sceptiques face aux intentions du régime, ont estimé ces mesures insuffisantes et affirmé que sa chute était devenue leur « principale revendication ».?Bachar al-Assad, 45 ans, est arrivé au pouvoir en juillet 2000, un mois après la mort de son père Hafez al-Assad. Candidat unique à la présidence, il est nommé aussi commandant en chef des forces armées, puis secrétaire général du parti unique Baas.?Son discours coïncidera avec la visite du président du Comité international de la Croix-Rouge, Jakob Kellenberger, à Damas pour une visite de deux jours destinée à réclamer l’accès aux personnes affectées par les violences.?