Le poète syrien de renom Adonis a appelé le président Bachar al-Assad à arrêter la répression sanglante en Syrie et à « remettre la décision au peuple », dans une lettre ouverte publiée dans la presse arabe le 14 juin.
« Il semble que ton destin soit de te sacrifier pour les erreurs commises et de remettre la parole et la décision au peuple », écrit Adonis, l'un des plus grands poètes arabes vivants, dans une tribune adressée au président syrien et publiée dans le quotidien libanais As Safir.
« Le parti socialiste arabe Baas (au pouvoir, ndlr) n'a pas réussi à rester prédominant par la force de l'idéologie, mais grâce à une main de fer sécuritaire », poursuit le poète octogénaire, qui réside en France et qui a remporté la semaine dernière le prestigieux prix Goethe.
L'article de la Constitution qui stipule que le Baas est le "parti leader de l'Etat et de la société" « ne satisfait plus la grande majorité des Syriens », poursuit le poète, de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber.
« Cet article n'a plus de fondement que la violence, une violence qui ne peut durer car aucune force militaire aussi puissante soit-elle ne peut vaincre le peuple, aussi désarmé soit-il », ajoute ce traducteur de Baudelaire, de Henri Michaux et de Saint-John Perse.
Depuis le déclenchement de la contestation en Syrie le 15 mars, plus de 1.200 opposants sont morts et 10.000 autres ont été arrêtés en Syrie, selon des ONG. Plus de 13.000 personnes ont fui vers la Turquie et le Liban, selon l'ONU.
Dans une autre tribune , Adonis*, issu de la communauté alaouite, a accordé un entretien à la chaîne satellite (saoudienne) Al Arabia – et rediffusé par le nouveau réseau d’information en ligne syrien DNN – où il livre son sentiment et son analyse sur l’actuelle crise en Syrie : partisan d’une réforme raisonnable et non imposée de l’extérieur, il vient d’écrire une lettre personnelle au président Bachar al-Assad où il développe les thèmes de cet entretien télévisé : le régime doit se moderniser et l’opposition se dégager des influences religieuses extrémistes.