Le nouveau gouvernement nommé par Najib Mikati n’est pas dominé par le Hezbollah libanais mais plutôt favorable au général Aoun.
Contrairement aux commentaires de la presse occidentale, le nouveau gouvernement libanais formé par Najib Mikati n’est pas dominé par le Hezbollah libanais. L’homme fort de ce gouvernement n’est autre que l’ancien général rebelle Michel Aoun.
Selon Daniel Meier, chercheur associé à l'Université St. Joseph de Beyrouth et spécialiste du Liban « le gouvernement est celui de l'ancienne opposition, c’est-à-dire le mouvement dit du 8 mars (pro syrien). Ceux qui dominent numériquement sont les sunnites – et c'est une nouveauté – au détriment des chiites. Le président du parlement Nabih Berri a en effet octroyé un siège normalement réservé aux chiites à la communauté sunnite afin de débloquer la situation et réussir à former le nouveau gouvernement. La communauté chiite (dont est issu le Hezbollah) sort ainsi numériquement affaiblie, mais ayant une capacité de négociation, afin de rassurer la communauté sunnite. Ce n'est donc pas vraiment la victoire du Hezbollah, contrairement à ce qu'on a pu entendre, simplement parce que le mouvement du 8 mars n'est pas uniquement composé des forces du Hezbollah, mais bien d'une série de groupes politiques aux agendas parfois distincts qui ont en commun l’anti-impérialisme « américano-sioniste ».??Par ailleurs, le mouvement du 8 mars a de toute façon tout intérêt à jouer profil bas par rapport au Hezbollah pour que le gouvernement soit reconnu par les Etats-Unis et la communauté internationale. Ainsi, comme cela a toujours été le cas depuis 2005, il n'a que deux ministres affiliés au parti chiite. De plus, et cela va encore à l'encontre de cette idée d'un gouvernement dominé par le Hezbollah, les forces du président chrétien et du premier ministre sunnite et du chef druze Walid Joumblatt représentent une minorité dite « de blocage » capable d’exercer un veto sur les décisions du gouvernement. »
Mais c’est surtout le général Michel Aoun qui sort grand vainqueur avec une majorité de ministres affiliés ou nommés par son parti.
Lors du dîner annuel du comité du Kesrouan au « Courant Patriotique Libre », le parti qu’il dirige le général Aoun tout en savourant sa « victoire » ne mâche pas ses mots. « Le Liban, affirme-t-il, n'est pas un intérêt américain au dépend duquel les Américains imposeront leurs solutions, en poussant les Chrétiens à émigrer pour les remplacer en implantant les autres ». « Hariri ne retournera pas au pouvoir », a-t-il renchéri, ajoutant que l'ancien PM a quitté le pouvoir par l'intermédiaire d'un « One way ticket » pour ne jamais y retourner de nouveau,
Aoun a par ailleurs critiqué les politiques signées Hariri, mettant en relief « l'appauvrissement du Liban et la paralysie de ses institutions pour qu'elles tombent facilement aux mains du camp de l'ancien gouvernement ».?? « Ils voulaient posséder l'électricité et l'eau comme ils l'avaient fait dans le cas des télécommunications », a souligné le député.?? « Nous disposons désormais du pouvoir exécutif, ce qui est une victoire importante jamais connue auparavant dans le pays », a-t-il ajouté.??
« Depuis la formation du nouveau gouvernement, plusieurs personnes tentent d'accuser les ministres chrétiens de ne pas vouloir servir la communauté chrétienne du Liban, ce qui est d'ailleurs vrai : ces ministres ne travailleront pas uniquement au service des Chrétiens, mais aussi des Sunnites, des Chiites, des Druzes et du Liban entier », a tenu à souligner le chef du CPL, critiquant les politiques précédentes qui n'ont mené qu'à la corruption.?? « Les corrupteurs seront amenés devant la Justice pour que leurs actions soient jugées », a-t-il affirmé.