Qui sera le prochain secrétaire général de la Ligue des Etats arabes dont le siège est au Caire ? Depuis sa création et à l’exception d’une courte intermède tunisienne, ce siège est toujours revenu à un Egyptien, même si la charte de cette organisation régionale ne le mentionne pas expressément.
Actuellement deux candidats sont en lice : l’Egyptien Moustafa El-Fiqi, ancien diplomate, 67 ans, fut notamment responsable du département des affaires arabes au ministère des Affaires étrangères, avant de devenir président de la commission des affaires étrangères de la Choura (chambre consultative), actuellement dissoute. Membre du Parti national démocrate (PND) du président déchu Hosni Moubarak, il a pris ses distances avec cette formation lors de la révolte qui a renversé le chef de l’Etat en février.
Le deuxième candidat est le Qatari, Abdelrahmane al-Attiyah, ancien Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe.
Bien que soutenu du bout des lèvres par les six monarchies du Golfe, le candidat qatari n’a aucune chance de se voir élire à ce poste. Il ne disposerait actuellement que de 9 voix contre 11 à l’Egyptien. Outre le rapport de force favorable à l’Egypte post-révolutionnaire, le rejet du candidat qatari s’explique par le caractère non consensuel de la politique menée par ce pays contre de nombreux pays arabes. Dernièrement, le Qatar a été contraint de se retirer de la médiation menée par le CCG pour régler le conflit au Yémen. La Syrie est également farouchement opposée à cette candidature. Idem pour l’Irak, le Liban, le Maroc et l’Algérie. Le fait que le Qatar abrite la plus grande base américaine dans le monde arabe ne l’habilite pas à postuler à cette fonction. Enfin, l’implication du Qatar dans l’agression de l’Otan contre un autre pays arabe, la Libye, dessert la cause de son candidat.
Ce dimanche 15 mai, les ministres des Affaires arabes se réuniront donc au Caire pour choisir le successeur de Moussa. Soit le Qatari se retirera au second tour pour permettre l’élection « consensuelle » du candidat égyptien. Soit le mandat de l’actuel SG de la Ligue, Amr Moussa sera prolongé pour quelques semaines, le temps de permettre aux 21 pays membres (la Libye étant suspendue) de choisir un candidat de rechange. Mais dans tous les cas de figure, ce ne sera pas un Qatari.
Saisissant cette occasion, le SG du FLN algérien, Abdelaziz Belkhadem, est monté au créneau pour réclamer la révision de la charte et des mécanismes d'action de la Ligue arabe. Lors d'une conférence organisée par le parti sur « Les nouveaux impacts géopolitiques sur les régimes arabes », M. Belkhadem a estimé que la Ligue arabe « n'est plus la tribune des Arabes car plusieurs dirigeants arabes ne détiennent plus le pouvoir de décision », a-t-il affirmé. A cet égard, M. Belkhadem a évoqué la dernière réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui a examiné la demande de la Jordanie d'adhérer au conseil, soulignant que celle-ci n'était pas « un fait nouveau ". Ce pays avait formulé cette demande depuis plusieurs années déjà, mais « la nouveauté réside dans le timing ». « Pourquoi maintenant ? », s'est-il interrogé à ce sujet. Le secrétaire du FLN a exprimé son étonnement à l'égard de la demande du CCG pour l'adhésion du Maroc au conseil, ajoutant que « la demande doit émaner du pays désirant adhérer au conseil et non le contraire ». « Le CCG devrait par conséquent changer son appellation en cas d'adhésion de la Jordanie et du Maroc », a-t-il estimé, avant de dire que « le système de gouvernance de ces pays est connu ».
Voici la liste des secrétaires généraux de la ligue depuis sa création en1945 :
Azzam Pacha (1945-1952) (Egypte)
Abdulkhalek Hassouna (1952-1972) (Egypte)
Mahmoud Riyad (1972-1979) (Egypte)
Chedli Klibi (1979-1990) (Tunisie)
Esmat Abdel Meguid (1991-2001) (Egypte)
Amr Moussa (2001-2011) (Egypte)