Ils n’ont guère l’habitude du régime de la prison et de ses obligations. Les Moubarak, père et fils, sont en état de choc.
L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses fils Alaa et Gamal ont été placés mercredi 13 avril en détention provisoire pour 15 jours, à la disposition d’un juge d’instruction, dans le cadre d’une enquête sur les violences contre les manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier et février 2011, mais aussi pour corruption. La répression des manifestations a fait quelque 800 morts, selon des sources officielles.
M. Moubarak a été transféré de l’'hôpital de Charm el-Cheikh, où il a été admis à la suite d’un incident cardiaque mardi 12 avril pendant son audition préliminaire à la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire. Selon la télévision d'État, il aurait refusé de s'alimenter et de boire après avoir appris qu'il serait interrogé.
Ses deux fils sont arrivés le 13 au matin à la prison de Tora, où se trouvent déjà plusieurs anciens ministres et cadres du régime déchu, dont l’ex-président de l’Assemblée Fathi Soror, l’ex-directeur du cabinet présidentiel Zakaria Azmi et l’ex-ministre du Pétrole Sameh Fahmi.
Ils ont été accueillis aux cris de « voleurs, voleurs » par une foule importante massée devant la prison. Ils se sont vu remettre des habits blancs de détenus, des couvertures et des matelas après avoir remis leurs téléphones portables, a indiqué l'agence officielle Mena. En état de choc, ils ont refusé de prendre le petit déjeuner.
Avant la révolte, Gamal Moubarak, l'un des principaux cadres dirigeants du parti au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), était considéré comme le successeur désigné de son père. Son frère aîné Alaa, beaucoup moins présent sur la scène politique et médiatique, a fait carrière dans les affaires.
Dimanche 10 avril, le président déchu était sorti de son silence pour la première fois en deux mois pour défendre son "intégrité" en se disant victime d'une "campagne de diffamation", dans une allocution sonore diffusée par la chaîne Al-Arabiya.
Les révoltés de la Place Tahrir ont organisé une manifestation monstre vendredi 8 avril pour exiger que l'ex-président et ses deux fils soient jugés. Ils soupçonnaient l'armée de vouloir ménager le président déchu, qui est issu de ses rangs.