Mouammar Kadhafi livre une course de vitesse implacable aux Nations unies pour reprendre Benghazi et étouffer l’insurrection avant que ne soit décidée une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye, qui pourrait rétablir l’équilibre des forces en faveur des insurgés. Le fils aîné du « Guide » a déjà annoncé que « c’est une affaire de 48 heures au plus ».
Selon la télévision libyenne – toujours démentie par les insurgés – la ville d’Ajedabiya, dernier verrou des rebelles libyens à 160 km au sud de leur fief de Benghazi, dans l’Est du pays, a été « purgée » de ses rebelles. Les troupes régulières se préparaient jeudi 17 au matin à porter l’estocade à Misrata, à l’ouest, assiégée depuis plusieurs jours et pilonnée sans relâche par l’artillerie. Plus Misrata tiendra, plus sera retardée l’avance des unités pro-Kadhafi vers Benghazi, ce qui laisse un mince espoir pour les insurgés que la zone d’exclusion aérienne soit établie avant un éventuel massacre promis par Kadhafi et son fils aîné : « Nous écraserons l’ennemi », ont-ils répété en chœur dans des entretiens à la presse européenne.
Le Conseil de sécurité devait voter dans la journée sur une résolution prévoyant la mise en œuvre d’une zone d’exclusion aérienne réclamée par le Conseil national de transition libyen. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a dit « espérer » un vote en faveur d’une telle zone pour contrer l’avancée des forces gouvernementales contre les insurgés. Après plusieurs jours de tergiversations gaspillés en pure perte, elle a estimé qu’il était « urgent » d’agir.
Le patron de l’Onu, Ban Ki-moon, a pour sa part exhorté « toutes les parties » à « accepter un cessez-le-feu immédiat », les violences ayant fait en un mois des centaines de morts et poussé 280 000 personnes à la fuite. Les dernières nouvelles sur les tractations diplomatiques à l’Onu indiquent que seule la Chine reste encore réservée au sujet de la zone d’exclusion aérienne. Un veto de sa part mettrait à bas toute la construction laborieusement élaborée par Paris et Londres, qui auraient persuadé des pays arabes – on pense notamment à l’Egypte – de participer à l’effort de brouillage du ciel libyen.
Dès que la zone d’exclusion sera votée, une intervention immédiate d’avions américains serait déclenchée à partit des bâtiments militaires croisant déjà dans le Golfe de Syrte. Objectifs prioritaires : endommager les pistes des aéroports militaires, faire taire les batteries anti-aériennes et bombarder éventuellement le bunker de Kadhafi dans la caserne Azizia pour perturber, sinon briser, la chaîne de commandement très centralisée entre les mains de Kadhafi et de ses fils.