Le colonel Kadhafi pourrait bien se trouver à l’étroit dans son bunker et, compte tenu des difficultés de ses troupes à reprendre les villes insurgées, chercher une issue pour lui-même et sa famille. Refus net des insurgés.
Le « Guide de la Révolution » libyenne cherche à négocier un retrait honorable du pouvoir et, peut-être, son départ du pays, en obtenant des garanties pour sa famille et lui-même du « Congrès général du peuple », une instance faisant fonction de Parlement de « l’État des masses » instauré en 1977.
Cette information, publiée par plusieurs journaux arabes, n’a pas reçu de confirmation, mais elle a été déjà rejetée par le Conseil national transitoire de l’insurrection libyenne. « C’est une ruse. C’est un pur mensonge, de la manipulation. De toute façon nous ne négocierons jamais avec Kadhafi », a répliqué un porte-parole de l’insurrection.
Même s’il s’est agit d’un ballon d’essai, il indiquerait, selon les commentateurs arabes, que Kadhafi commence a être éprouvé par son long enfermement dans son blockhaus d’El Azizia alors que, trois semaines après le soulèvement, ses « unités spéciales » ne parviennent pas à retourner la situation en sa faveur. Malgré les succès des troupes régulières, les insurgés continuent à contrôler les ports pétroliers stratégiques de Ras Lanouf, Misrata et Zaouiya.
Ils espèrent l’établissement le plus rapidement possible d’une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye, ce qui leur permettrait d’avancer sur Tripoli, la capitale, leur objectif ultime, sans être menacés par l’aviation.
Les diplomates français et britanniques travaillent sur un projet de résolution de l'ONU établissant cette zone d'exclusion aérienne, qu’ils veulent présenter dans la semaine. Les monarchies arabes du Golfe se sont déclarées favorables à sa mise en place « pour protéger les civils », alors que la Russie s'est dite opposée à toute ingérence militaire étrangère. Les autres pays arabes observent un mutisme que les chefs de l’insurrection commencent à trouver pesant.
Plusieurs raids meurtriers ont été menés lundi par les troupes de Kadhafi, notamment contre Ben Jawad, reprise aux insurgés, après avoir été soumise aussi à des bombardements à l’artillerie qui ont fait plusieurs morts. La ville est désertée par ses habitants depuis lundi 7 mars.
Sur le plan diplomatique, le colonel Kadhafi a renouvelé ses accusations d’ingérence contre les États-Unis, la France et la Grande Bretagne. « C’est une conspiration pour diviser la Libye », a déclaré le ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa, ancien directeur des renseignements extérieur, expulsé de Londres en 1980 après avoir menacé d’exécuter des opposants sur le sol britannique. Il est aussi mis en cause dans une tentative d’assassinat du prince héritier Arabie saoudite.
Ces shows médiatiques sont organisés par le fils aîné de Kadhafi, Seif El Islam. Un intermédiaire libanais, Zaki Takieddine, a été contrôlé par la douane au Bourget (France) de retour de Tripoli avec une cassette d’un million et demi d’euros non déclarée. Il avait, à bord de son jet privé, les deux journalistes du JDD (Journal du dimanche, hebdomadaire français), qui avaient obtenu un entretien du « Guide » dimanche 6 mars.
Pour sa part, l'ONU a chargé l'ancien ministre jordanien des Affaires étrangères, Abdel Ilah el-Khatib, d'entreprendre des "consultations urgentes" avec Tripoli sur la crise humanitaire provoquée par les combats et lancé un appel pour la collecte d’un fonds de 160 millions de dollars pour des aides d’urgence.
Plus de 191 000 personnes ont fui à ce jour les violences et environ 10 000 déplacés se dirigeaient vers la frontière égyptienne, selon l'ONU.