Sous la pression de la rue et de, peut-être, des groupes soudoyés par le président déchu Ben Ali, Mohammed Ghannouchi a démissionné.
Le Premier ministre tunisien de transition, Mohammed Ghannouchi, a annoncé sa démission dimanche 27 février, dans une conférence de presse, en réponse aux manifestations qui lui demandaient de quitter le gouvernement.
Le départ inattendu de M. Ghannouchi ouvre une crise politique grave mettant en péril l’évolution du pays vers une transition démocratique paisible, ont immédiatement réagi plusieurs acteurs politiques tunisiens.
Inquiets de la tournure des événements, ils ont souhaité que le président par intérim, Fouad Mebazza, nomme rapidement une personnalité « consensuelle » à la tête du gouvernement pour mener à terme la transition démocratique, qui devrait se clôturer par des élections présidentielle et législatives.
Aucun nom de « consensus » ne circule actuellement dans la capitale tunisienne.
Le gouvernement actuel, dont la formation a nécessité des discussions ardues, reste en principe en place. Le président par intérim doit seulement désigner une personnalité pour le diriger en remplacement de M. Ghannouchi.
Depuis vendredi, d'importantes manifestations se déroulaient sur la Place el-Kasbah à Tunis demandant le départ de M. Ghannouchi, qui occupait déjà ce poste depuis onze ans sous le président déchu Zine el-Abidine Ben Ali.
Ces manifestations ont fait au moins trois morts et plusieurs dizaines de blessés.
Lors de sa conférence de presse, M. Ghannouchi a mis en cause des « groupes qui cherchent à déstabiliser le gouvernement et faire avorter la révolution ».
Il n’a pas donné d’indication sur l’identité de ces groupes, laissant seulement entendre qu’il s’agirait d’anciens affidés de Ben Ali et d’anciens d’éléments sa garde personnelle, qui était dirigée par le général Ali Sériati aujourd’hui en détention.
Selon des journalistes tunisiens, il aurait été ébranlé par l’appel d’un manifestant en direct à la télévision publique, réclamant sa mort.
Plusieurs membres du « clan Ben Ali » — notamment des membres de sa famille et de celle de son épouse Leila — font actuellement l’objet d’instructions judiciaires qui pourraient se conclure par leur traduction devant les tribunaux.
Des témoins ont affirmé que, depuis plusieurs jours, des « émissaires » du clan Ben Ali sillonnent le pays pour inciter les Tunisiens à la révolte, proposant même de l’argent aux éventuels meneurs. Des attaques contre les administrations publiques, des vols et des mises à sac d’entreprises sont encore signalés dans différents points du territoire, quarante cinq jours après le retrait de Ben Ali sous la pression de la rue.